Centrafrique: Michel Djotodia promet de respecter «l'esprit des accords de Libreville»

Le nouvel homme fort de Bangui, a annoncé le 25 mars la suspension de la Constitution. Dans une déclaration très attendue, Michel Djotodia affirme qu'il gouvernera désormais par ordonnance. Il promet de mener une transition de trois ans en respectant les accords de Libreville, signés il y a deux mois par les autorités, l'opposition politique et le mouvement rebelle Seleka. Pour y parvenir, il prévoit de maintenir à son poste le Premier ministre, Nicolas Tiangaye. Dans son allocution, Michel Djotodia a détaillé ses objectifs et justifié son coup de force.

Hier après plusieurs heures d’attente liées à des problèmes techniques, Michel Djotodia annonce finalement son coup de force en accusant son prédécesseur de dictateur : « Face à cette dérive totalitaire mettant en péril l’avenir de notre nation, nous avons décidé de libérer le peuple centrafricain de la dictature de François Bozizé ».

Michel Djotodia qui s’excuse des désagréments liés au complot contre son prédécesseur, promet des réparations immédiates : « Nous regrettons les dégâts collatéraux et nous allons travailler à y mettre fin très rapidement ».

En voulant rester dans le cadre des accords de Libreville, le nouvel homme fort de Bangui annonce la reconduction de Maître Nicolas Tiangaye à son poste de Premier ministre de transition : « En respectant l’esprit des accords de Libreville, je vais reconduire le Premier ministre, chef du gouvernement d’union national dans ses fonctions ».

Ces missions prioritaires sont fixées par Michel Djotodia pour la durée de son règne de transition de trois ans, et seront axées, entre autres, sur la restauration de la paix et de la sécurité, l’organisation des élections générales, la réorganisation des forces de défense et de sécurité et l’engagement des réformes économiques et sociales.

François Bozizé, lui, est réfugié au Cameroun depuis le coup d'Etat. L'ancien président refuse de dire pour l'instant dans quel pays il s'installera ensuite. Mais certains de ses proches n'excluent pas de travailler avec le nouveau pouvoir. C'est le cas de Fidel Gouandjika, ministre de l'Agriculture du dernier gouvernement Bozizé.


De nombreux pillages

Le chef de l'Etat autoproclamé a également promis de rétablir l'ordre à Bangui. Le couvre-feu est toujours en vigueur, à partir de 19h jusqu'à 6h du matin. Depuis l'entrée des rebelles dans la capitale, les pillages se multiplient, comme en témoigne Sylvie Panika, directrice de radio Ndekeluka.

Directeur des ventes de Orange sur pillages, Jean Jules Tegoundio raconte : « Dimanche dans l'après midi, la foule est rentrée, tout est saccagé. Il faut faire un inventaire, les dégâts sont énormes ». Autre victime du pillage, aussi, ce patron français d'une société de sécurité, installé à Bangui.

Même le palais présidentiel n'a pas été épargné. Notre envoyé spécial s'est rendu sur place avec le général de la rébellion qui a pris le palais à Bangui.

Mais Michel Djotodia sest engagé à rétablir la sécurité. Le

pays en a bien besoin. A Bangui, les pillages se poursuivent. Les populations ne sont pas rassurés malgré l'instauration du couvre-feu et les patrouilles de la Seleka et de la Fomac, les forces militaires d'Afrique centrale.

Quant à la situation humanitaire, elle est très mauvaise. Les gens manquent de tout, les liaisons téléphoniques sont très aléatoires, il y a toujours des coupures d'électricité, les hôpitaux sont dépourvus de tout.

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