La déclaration que devait faire le président autoproclamé de la République centrafricaine ce matin n'a pas pu se faire. À 12h30 (TU), il n’avait toujours pas en effet prononcé son discours. Pour une raison simple : il n'avait toujours pas trouvé le moyen de le diffuser. La Radio Ndeke Luka, qui est une radio partenaire de la fondation Hirondelle, n’a plus les moyens d’émettre parce que ses biens ont été pillés. Idem pour la Radio nationale centrafricaine, faute d’essence à mettre dans le générateur. Michel Djotodia a par conséquent un problème aujourd’hui : il ne peut pas faire pour l’instant de déclaration parce qu’il n’en a pas les moyens techniques, tout simplement.
Nicolas Tiangaye, Premier ministre de transition
Sur un plan plus politique, il entend nommer Nicolas Tiangaye au poste de Premier ministre. Nicolas Tiangaye avait été nommé Premier ministre par François Bozizé à l’issue des accords de Libreville. Il souhaite le maintenir à ce poste.
Nicolas Tiangaye n’a pas encore donné de réponse formelle, officielle. Il se réserve pour l’instant mais ce qui est sûr, c’est qu’il a rencontré à plusieurs reprises Michel Djotodia. Et selon un des très proches du Premier ministre, cela ne fait aucun doute, Nicolas Tiangaye va accepter. Il sera alors le Premier ministre de transition d’un gouvernement qui sera normalement d’union nationale puisque Michel Djotodia l’a dit : « Il n’y aura pas de chasse aux sorcières ». Il y aura, s’ils le veulent, et on peut peut-être le souhaiter en termes de concorde nationale, des ministres qui étaient fidèles à François Bozizé.
Situation sécuritaire instable
Au lendemain de la prise de la ville par les troupes de la Seleka, la situation sécuritaire est toujours assez instable. On ne peut pas dire que la sécurité soit revenue à Bangui. Il y a toujours quelques coups de feu, mais ils sont sporadiques, sans comparaison avec hier. En revanche, les pillages se poursuivent, perpétrés pour l’essentiel par une partie de la population qui essaie de profiter de ce vide. Il n’y a pas beaucoup de monde dans les rues à Bangui.
Evidemment, les bureaux, toutes les entreprises - pour celles qui n’ont pas été pillées d’ailleurs - sont fermées. Les administrations également, tout comme les écoles. Bangui a des allures de ville morte. On peut voir quelques cadavres. Selon les représentants de la Seleka, il s’agissait de pillards qui ont été tués.
Une ville « entre deux »
Les rebelles de la Seleka tentent de ramener un petit peu de sécurité, mais des éléments incontrôlés veulent aussi s’adonner au pillage. Un certain nombre de véhicules rebelles circulent tout de même en ville. Il y a également des soldats de la Fomac, mais c’est encore assez timide, et quelques soldats français sur des camions.
Bangui est encore une ville morte, une ville « entre deux » où l’on ne sait pas trop comment va évoluer la situation. D’autant que des informations assez inquiétantes circulent. Ce dimanche 24 mars, le camp Kasaï - une des principales casernes militaires de la ville - a ainsi été pillé par des jeunes civils, qui ont emporté des armes. On peut craindre que cela génère une certaine insécurité à l'avenir.