RDC : le nombre de décès dans les prisons a doublé en 2012

Un rapport conjoint établi par le Haut Commissariat aux droits de l’homme et la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo) met en lumière la dégradation dans les prisons congolaises. Les décès de détenus ont doublé en 2012 par rapport à l’année précédente, portant à 101 le nombre de personnes mortes dans les prisons du pays. Le rapport publié, mercredi 13 mars à Kinshasa, souligne le manque de nourriture, de médicaments ou encore des conditions de détention catastrophiques parmi les causes de ces décès.

Cet accroissement du nombre de décès dans les établissements pénitentiaires du pays est « extrêmement préoccupant », disent les auteurs du rapport. Faute d’avoir pu visiter les 222 lieux de détention existants, les enquêteurs ont évalué à environ 20 000 le nombre de personnes détenues. La RDC, qui compte 68 millions d’habitants, enregistre l’un des taux d’incarcération les plus faibles d’Afrique. Pourtant, les difficultés sont énormes.

Conditions de détention catastrophiques

Le rapport dénonce le « surpeuplement » des prisons qui explique, en partie, les décès enregistrés. En effet, elles accueillent un nombre de détenus nettement supérieur à leur capacité. Ainsi, le taux d’occupation de la prison centrale de Makala, à Kinshasa, « atteint plus de 400% » alors que celle de Goma « atteint près de 800% », créant une promiscuité préjudiciable aux détenus et affectant directement leurs conditions sanitaires et alimentaires. Des décès par suffocation en raison des espaces contigus, non ventilés et surpeuplés sont souvent dénombrés.

Par ailleurs, les autorités judicaires recourent systématiquement à la détention provisoire – au lieu de le faire à titre exceptionnel comme le prévoit la Constitution - et aux garde-à-vue dont les délais ne sont souvent pas respectés, ce qui contribue au surpeuplement des établissements pénitentiaires.

Viennent s’ajouter aux déplorables conditions de détention, la malnutrition - qui serait la cause de deux décès sur cinq – mais aussi l’absence ou le manque de soins pour les détenus et les mauvais traitements. Sur les 211 personnes décédées depuis trois ans, « 84 sont mortes de malnutrition, 103 faute de soins médicaux et 24 à la suite de mauvais traitements », affirme le rapport, selon lequel « ces chiffres pourraient être plus importants ».

Joint par RFI, Lambert Mendé, ministre congolais de la Communication, ne conteste pas les chiffres avancés par le rapport mais, pour lui, il faut analyser la situation sur le plus long terme.

Insuffisance de budget, mauvaise gestion et corruption

Le maigre budget alloué aux prisons – certaines d’entre elles ne reçoivent, dans le meilleur des cas, que de l’argent de l’Etat (au niveau central ou provincial) de manière sporadique -, les problèmes de gestion et le manque de transparence de l’administration constituent un problème qui date depuis des décennies et qui aggrave, chaque année, un peu plus la situation.

Joint par RFI, Scott Campbell, représentant du Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, considère que le système pénitentiaire en RDC a besoin d’une grande réforme.

Les prisons en RDC « sous contrôle des services de renseignement »

Pour le défenseur des droits de l'homme et avocat, Me Sylvain Lumu Mbaya, c'est important de dénoncer les mauvaises conditions de détention dans les prisons officielles mais cela ne décrit pas l’ensemble de la réalité du milieu carcéral congolais.

Joint par RFI, Me Lumu Mbaya estime qu’il ne faut pas oublier les prisons qui sont, selon lui, sous le contrôle de l’Agence nationale de renseignent.

Des propos du défenseur des droits de l’homme, Me Sylvain Lumu Mbaya auxquels le ministre congolais de la Communication, Lambert Mendé, a répondu, joint par RFI.

 

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