Des enquêteurs français ont donc été envoyés au Cameroun dans les heures qui ont suivi l’enlèvement des sept Français. Il s’agit de gendarmes français qui se sont déjà rendus sur les lieux du rapt. D’après des informations obtenues par RFI, ces gendarmes travaillent au sein des unités militaires françaises au Tchad voisin, et ils sont donc venus prêter main forte, dès mardi, notamment aux enquêteurs camerounais. Mais il ne s’agit pas, selon la même source contactée par RFI, des forces spéciales françaises basées au Tchad.
Concrètement, ces gendarmes ont procédé à des relevés d’empreintes et des prélèvements afin de les analyser. C'est ce qui explique notamment leur présence aux côtés des enquêteurs camerounais, le jour de l’enlèvement, lorsqu’ils désembourbaient la voiture que les ravisseurs ont dû abandonner derrière eux, lors de leur repli vers le Nigeria avec les otages.
Ces gendarmes qui étaient accompagnés – pour leur protection – par des militaires français n’avaient pas vocation à rester au Cameroun, selon le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. Ils ont travaillé mardi et mercredi pour relever des indices et sont ensuite repartis.
Quoi qu’il en soit, a expliqué à RFI une source proche du milieu militaire français, la présence de forces spéciales au Cameroun ne fait pas sens puisque les otages sont au Nigeria.
Boko Haram pointé du doigt
Pour le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, les éléments disponibles laissent penser que cet enlèvement est l’œuvre de la secte islamiste Boko Haram. « Nous estimons que c’est la secte Boko Haram qui a procédé à l’enlèvement mais on n’a pas encore la signature et là, malheureusement, la terreur succède à l’horreur, cette secte (…) est en train d’enlever des enfants », a déclaré le ministre, sur la chaîne de télévision française, France 2. Une thèse également avancée, dès mardi, par le président François Hollande mais qui reste encore à confirmer.
Les ravisseurs pourraient donc appartenir au groupe islamiste Boko Haram, né il y a 12 ans, au Nigeria, dont le quartier général se trouve dans la région de Maidaguri, ville nigériane située à environ 150 kilomètres à l’ouest du lieu de l’enlèvement, près du parc naturel de Waza.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré, mercredi, devant le Parlement, que la France « ne cédera pas aux groupes terroristes », semblant ainsi exclure un éventuel versement de rançon pour la libération des 15 otages français actuellement détenus en Afrique.
Les ressortissants français appelés à quitter « au plus vite » le nord du Cameroun
Dans ce contexte, Paris a appelé les Français se trouvant au nord du Cameroun à quitter cette région. « Les ressortissants français qui se trouveraient actuellement dans l’extrême nord du Cameroun doivent impérativement se mettre en lieu sûr et quitter la zone au plus vite », a demandé le ministère français des Affaires étrangères. Cette zone était, jusqu’à présent, considérée comme relativement sûre, en dépit de sa proximité avec le Nigeria.
L’agence de voyages Allibert Trekking a déjà évacué ses touristes. Joint par RFI, Gérard Guerrier, directeur de l’Agence, précise qu’il n’enverra plus de touristes dans la région, du moins tant que les conditions de sécurité ne sont pas assurées et qu’il cesse ainsi ses activités dans le nord du Cameroun.