Somalie : le ton se durcit contre les journalistes, HRW monte au creneau

Les journalistes somaliens ont de plus en plus de mal à travailler librement. Les organisations de défense des droits de l'homme interpellent le nouveau président, qui a promis d'encourager la liberté d'expression. Mais les événements des dernières semaines ne sont pas vraiment encourageants : la justice a condamné un journaliste à un an de prison parce qu'il avait recueilli le témoignage d'une femme accusant des policiers de l'avoir violée. Et un autre a été arrêté simplement parce qu'il s'était exprimé sur l'affaire. 

Le même jour où le journaliste Abdiaziz Abdinur était condamné à un an de prison pour outrage aux institutions de l’Etat, son confrère, Daud Abdi Daud était arrêté pour avoir rappelé publiquement le principe de la liberté de la presse.

C’était le 5 février. Daoud a été relâché au bout d’une semaine, mais, Abdiaziz est toujours détenu à la prison centrale de Mogadiscio et son avocat a fait appel. La femme, qui a déclaré au journaliste avoir été violée par des policiers dans un camp de déplacés, devra elle aussi purger une peine de prison.

Laeticia Bader de l’organisation Human Rights Watch est inquiète : « On ne parle pas seulement du cas d’une personne dont les droits élémentaires n’ont pas été respectés. Elle a été montrée publiquement, devant les médias, interrogée au tribunal une fois de plus sur son viol… Mais on parle aussi du message que cela envoie. En gros, n’importe quelle femme qui voudrait dénoncer son agresseur et aller à la police pourrait subir le même traitement ».

Dans le même temps, le gouvernement somalien, qui envoie des signaux contradictoires, a annoncé la création d’une entité indépendante chargée d’enquêter sur les abus contre les journalistes somaliens et les violences contre les femmes.

Certains observateurs craignent qu’il s’agisse plus d’un geste politique pour calmer les esprits et rassurer certains pays occidentaux qui ont exprimé leur désapprobation, qu’une réelle initiative pour mettre fin à l’impunité.

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