Dans le bus vert à impériale, les historiens ont pris place. Des guides pour une visite originale de ces lieux de mémoires liés à l'histoire de la traite négrière, à l'esclavage et à la colonisation. Première escale : la place des Victoires, dans le 1er arrondissement, à l'emplacement de l'hôtel de Massiac aujourd'hui disparu, qui abritait le premier lobby de colons esclavagistes en 1789.
« Le triomphe du club Massiac, explique Marcel Dorigny, historien, a été d'obtenir de l'Assemblée constituante une loi accordant aux colonies une autonomie interne très large, et avec le monopole du statut des personnes, autrement dit, de l'esclavage. »
Au cours de la visite, les organisateurs avait prévus un chocolat chaud, avec le célèbre Y'a bon Banania !, et quelques biscuits. « Ce sourire au chocolat, poursuit Marcel Dorigny, c'est le sourire de la biscuiterie nantaise, qui a été constituée avec des familles de négriers, avec des capitaux issus directement de la traite négrière. »
Des ratés à l'allumage, puis direction l’esplanade des Invalides. L'historien Pascal Blanchard donne de la voix pour expliquer l'exposition coloniale de 1889 : « Pendant plusieurs expositions coloniales et universelles, ont été présentés des villages africains, des villages antillais, des villages canaques. C'est à peu près resté dans la tête de nos arrière-arrière-grands-parents, puisque pour la plupart, le premier noir qu'ils ont vu, c'est peut-être dans un zoo humain. »
Un tour de Paris revisité qui prend fin à la Goutte d'or, dans le 18e arrondissement de la capitale, où se concentre une importante population immigrée.