Souffrant de plusieurs maladies et ne pouvant se déplacer sans déambulateur, Mahamat Zen Bada, l’ancien maire de Ndjamena, a assisté à l’audience couché. Il était arrivé au tribunal allongé sur son lit d’hôpital, une perfusion au bras. Une scène insoutenable pour son avocat, Me Ngadjadoum Josué, qui a alors quitté la salle avec fracas. « Aller le prendre à l’hôpital. L’emmener ici manu militari, sur une civière. Et vouloir faire un procès ! Dans ces conditions, je pense qu’on ne peut pas faire un procès équitable. Quelle que soit la faute commise, il faut qu’on soit jugé avec un peu de dignité. »
« Mahamat Zen avait lui-même demandé la parole », selon le procureur
Le procureur général, auprès de la cour d’appel a, quant à lui, expliqué : « C’est après l’avis de son médecin qu’il a été déposé à bord d’une ambulance, devant la cour. Mahamat Zen avait lui-même demandé la parole. Et il a parlé pendant plus de trente minutes, pour éclairer la lanterne de la cour. Donc, dire que nous l’avons extrait manu militari, je crois que c’est un faux problème. »
« Je suis victime d’un système que j’ai aidé à mettre en place », Mahamat Zen Bada
L’audience s’est poursuivie et le procureur a requis des peines de travaux forcés, une amende, le remboursement des quatre milliards détournés et la confiscation des biens des prévenus. A la fin de la séance, Mahamat Zen Bada a demandé à parler. D’une voix basse, il a lancé à la cour : « J’ai servi un régime. Je suis victime d’un système que j’ai aidé à mettre en place. »
La cour criminelle a finalement condamné Mahamat Zen Bada à cinq ans de travaux forcés, dix millions d'amende et ordonné la confiscation de ses biens au profit de l’Etat.