Tout est prêt pour que Renault produise en Algérie

La firme automobile Renault a annoncé ce mardi 18 décembre 2012 qu’elle allait signer un accord avec l’Etat algérien pour la construction d’une usine dans l’ouest du pays. Il aura fallu trois ans de négociations serrées pour aboutir à cette signature, qui aura lieu alors que le président François Hollande entame mercredi 19 décembre une visite d’Etat de deux jours en Algérie.

La signature que vont apposer le constructeur Renault et le ministre algérien de l’Industrie vient clore trois années de discussions qui, comme tout ce qui se passe entre la France et l’Algérie, ont été ponctuées d’éclats, de revirements et de rebondissements. Selon le quotidien Le Figaro, la nouvelle société de coentreprise (joint venture) ainsi créée sera détenue à 51 % par l’Etat algérien et à 49 % par Renault, selon les règles en vigueur depuis 2009 en Algérie. 

Tergiversations

Si les tractations ont été aussi laborieuses, cela tient surtout au fait que les deux partenaires n’étaient pas d’accord sur le lieu d’implantation de la future usine. Les Algériens penchaient pour Jijel, un site portuaire à l’est de la capitale qu’ils auraient bien voulu ainsi dynamiser, alors que Renault préférait Alger, plus à même de fournir, pensait-il, une main-d’œuvre plus qualifiée.

Finalement, après des mois de tergiversations, un troisième lieu a été choisi, une manière de faire en sorte que ni l’un ni l’autre ne perde la face. Les deux partenaires sont donc enfin tombés d’accord pour que la nouvelle unité de fabrication soit construite dans l’ouest du pays, à Oued Tlélat, à moins de 30 km au sud-est d’Oran.

Dès 2014, la nouvelle usine de montage Renault devrait produire quelque 25 000 véhicules avec une perspective de 75 000 exemplaires par an quand elle fonctionnera à pleine capacité. Dans un premier temps 20 à 25 % des pièces proviendront des usines algériennes pour atteindre ultérieurement peut-être 60 %, si la production locale de pneumatiques et de vitrage suit.
 

Dans son usine d’Oued Tlélat, la marque au losange va produire des modèles Symbol, un dérivé de la Logan deuxième génération. Après l’inauguration d’une usine à Tanger au Maroc en début d’année, prévue pour produire à terme 400 000 véhicules monospaces en 2014, destinés avant tout à l’exportation, Renault poursuit à marche forcée son internationalisation.

De l’intérêt de produire sur place

« Nous arrivons sur la fin d'un processus de négociation, qui représente pour Renault une opportunité de croissance en Afrique du Nord et en particulier sur le marché algérien qui se porte très bien », a déclaré mardi 18 décembre, le numéro deux du groupe Renault, Carlos Tavares, au micro de RTL. « Renault effectue de très bons résultats commerciaux dans ce pays et a tout intérêt à extrapoler cette progression commerciale par l'existence d'une entité industrielle », a précisé l’industriel.

Renault est en effet numéro un des ventes automobiles en Algérie et Le Figaro croit savoir que 111 000 voitures de la marque s’y sont vendues en onze mois, soit une hausse de plus 50 % par rapport à la même période de 2011. Alors qu’en France le recul des ventes prend des allures inquiétantes (un tiers de moins en novembre), la marque au losange a en effet tout intérêt à aller voir ailleurs. Et le Maghreb, si proche, apparaît comme une échappatoire à la crise du marché européen à ne surtout pas rater. Cette année, 450 000 voitures, toutes marques confondues, devraient être vendues en Algérie, une progression frappante quand on sait qu’en 2011, le total s’était élevé à 300 000.

En produisant en Algérie, Renault, déjà bénéficiaire du quart du marché local, espère encore monter en puissance. En effet, comme tous les véhicules importés, notamment chinois, les Renault sont frappés d’une taxe importante. Produits sur place, leurs prix devraient baisser mécaniquement et séduire d’autant plus une clientèle très demandeuse. De quoi dépiter les employés français de Renault…

 

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