Le studio de la RTLM est reconstitué sur scène. Le ton est badin sur fond de plages musicales et c'en est encore plus glaçant. Cette jovialité contraste en effet de façon monstrueuse avec les propos tenus. Les auditeurs sont appelés à pourchasser les Tutsis et à les tuer. La radio devient instrument de délation. On y diffuse les lieux où les Tutsis se terrent. Les trois animateurs, deux hommes et une femme, ont réellement existé.
La comédienne Nancy Nkusi joue le rôle de Valérie Bemereki, aujourd'hui en prison. « J’ai énormément travaillé. Au début, avec souffrance, parce que, évidemment, il fallait retourner dans les témoignages, il y avait cette histoire de dénie. La force, je l’ai trouvée au Rwanda. Là-bas, les gens disent : ‘oui c’est très bien. C’est un grand travail de mémoire que vous êtes en train de faire pour éviter que cela se reproduise’. »
Eviter que cela se reproduise ou au moins tâcher de comprendre l'incompréhensible. Les spectateurs munis de casque écoutent ces émissions chacun seul face à l'innommable. On en sort sonné.
Hate Radio, jusqu’au 30 décembre au Théâtre Paris-Villette.