Les émeutes qui ont commencé début 2011 après la mort d’un élève et par la suite les manifestations de militaires mécontents ont véritablement secoué le régime burkinabè. Le gouvernement a été remanié. Le CDP, Congrès pour la démocratie et le progrès, le parti au pouvoir, a tenté un rajeunissement. Le scrutin de ce dimanche constitue un test de la popularité du pouvoir actuel.
Il permettra également à l’opposition de se compter, et de voir si certaines forces politiques peuvent prétendre faire face au CDP lors de la présidentielle de 2015.
Car l’élection du prochain chef de l’Etat est d’ores et déjà dans toutes les têtes.
Selon la Constitution, Blaise Compaoré, ne pourra plus se représenter, atteint par la limitation du nombre de mandats, comme le prévoit l'article 37. Une réforme constitutionnelle reste-t-elle envisageable ? Dans l’entourage du président, certains proches n’excluent pas une modification de cet article. Quel rôle le frère du président, François aura-t-il à jouer ? Quelle que soit l’option choisie, le contrôle de l’Assemblée constitue, pour le parti au pouvoir, un enjeu important. Pour l'opposition aussi.
L'opposition entend saisir sa chance
Alors que le parti au pouvoir souhaite conforter sa majorité dans la future Assemblée, cette élection pour les partis de l’opposition, est l’heure de vérité. L’occasion pour chacun de prouver sa représentativité dans le pays. Selon le politologue burkinabè Siaka Coulibaly, le scrutin sera « ouvert », à chacun de saisir sa chance.
L’un des enjeux majeurs de ces législatives et municipales reste enfin le taux de participation. Le mouvement de désaffection constaté depuis la présidentielle de 2010 va-t-il se poursuivre, alors que le pays vient de traverser en 2011 une période de turbulence ?
Vu les enjeux, la Commission électorale a mis les bouchées doubles afin d’offrir des garanties de transparence : fichier électoral établi grâce au système de la biométrie pour éviter les multiples inscriptions, centralisation des résultats par des terminaux satellite et un système de visioconférence. Ces élections vont couter au pays la somme de 28 milliard de FCFA.
La loi sur le quota de femmes
Le scrutin de ce dimanche est aussi un test pour la première application de la loi imposant un quota de femmes sur les listes des partis. Cette loi a été votée en 2009. Elle prévoit que les partis fassent figurer au moins 30% de femmes sur leurs listes. Pour Martine Yabré, du comité de suivi de la loi, l'application est déjà assez décevante.
Le changement
Un mot est beaucoup revenu dans la campagne électorale, ces quinze derniers jours, celui de « changement ». Quel que soit le résultat des éléctions (que la domination du CDP sur l’Assemblée soit reconduite, ou que l’opposition obtienne dans cette Assemblée une position forte ), les électeurs de la capitale Ouagadougou semblent souhaiter que le pouvoir applique une politique différente et permette un changement de leur quotidien. Comme en témoignent ces Ouagalais au micro de notre envoyé spécial sur place.