Hiroute Guébré Selassié: «La Monusco s'est concentrée sur la protection de la population»

Entretien avec Hiroute Guébré Selassié, la patronne de la Monusco à Goma. Le M23 a annoncé qu'il allait aujourd'hui commencer son retrait pour se repositionner à 20 km de Goma. Qu'en est-il réellement ? Elle répond à RFI. 

Avec notre envoyé spécial à Goma,

Selon votre entendement, jusqu’où doit se retirer le M23 ? Quelles doivent être les positions qui seront occupées par le M23 dans les prochains jours ?

Vous savez, c’est tout simplement de lire les accords qui avaient été signés. Les accords disent que le redéploiement du M23 sera à vingt kilomètres de Goma. Et voilà. C’est ce qu’on attend.

Seulement au nord de Goma ou est-ce que le M23 pourrait se positionner tout autour de Goma, à vingt kilomètres de la ville ?

Cet aspect n’est pas encore très clair pour moi. Mais je pense qu’il s’agirait plutôt d’un déploiement vers le nord de Goma.

Le M23 entend continuer à laisser sur place une administration pour gérer la ville. Est-ce que cela vous paraît acceptable ?

Le texte stipule que la passation se ferait entre le M23 et la police nationale congolaise. C’est ce qu’on attend de voir.

Mais est-ce que cette police ne sera pas, finalement, sous contrôle du M23 ?

Il est stipulé dans le texte que c’est la police nationale congolaise qui prend la responsabilité de la sécurité de la ville après le retrait du M23.

Cela fait maintenant à peu près une semaine que le M23 est en ville à Goma. Comment jugez-vous la situation, après une semaine de présence du M23 ici ?

Concernant la Monusco, nous nous sommes surtout concentrés sur la protection de la population. Nous avons plusieurs patrouilles 24h sur 24 et puis des déploiements pour une réaction rapide dans des endroits stratégiques de la ville. Donc, nous avons ainsi pu nous assurer quand même de la protection de la population dont on a la responsabilité, pour le moment, et ceci a été fait sans trop de problèmes.

Pour le moment, le constat est qu'il y a eu beaucoup de rapports. Des rapports de violations de toutes sortes que l’on ne peut pas vérifier à ce point pour ne pas mettre les victimes en danger. Mais nous continuons à réagir à des appels des personnes qui nous demandent protection. On les prend, on les extrait ou on les amène dans nos camps, on les évacue sur d’autres villes. Nous avons continué à faire notre travail de protection, comme on le faisait par le passé, mais peut-être avec beaucoup plus de responsabilités, puisque les forces gouvernementales ne sont plus là.

Est-ce que ces violations sont perpétrées par le M23 ou est-ce que pour l’instant il vous est difficile de dire qui sont les auteurs de ces actions ?

Les rapports indiquent que c’est le M23, ou des éléments du M23. Mais nous n’avons aucun moyen de vous affirmer cela, d’infirmer ou de confirmer cela, parce que, on n’a pas fait de vérifications méthodiques qui pourraient, pour l’instant, mettre les victimes en danger.

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