L’opposition attendait au moins l’amendement d’un décret jugé « dictatorial » et elle n’a eu qu’un président défendant sa décision point par point, rapporte notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti. Une décision qui lui aurait été imposée par une « conspiration » ourdie par « les ennemis de la Nation, de l’intérieur et de l’étranger ».
Le président Morsi a indiqué qu’il avait été « forcé d’agir dans l’urgence pour accéder aux demandes de la révolution et préserver les institutions de l’Etat ». Le Sénat et l’Assemblée constituante sont menacés dimanche de dissolution par la Haute Cour constitutionnelle.
Le président a reproché à la magistrature, dont il a déclaré respecter l’indépendance, de s’être laissée entraîner dans des conflits politiques. Tous les tribunaux d’Egypte se sont mis en grève pour protester contre un décret qu’ils ont qualifié « d’agression sans précédent contre le pouvoir judiciaire ». Même discours au sujet des manifestants de Tahrir : « Je respecte leur action » mais il ne faut pas qu’elle déborde ou qu’elle arrête la circulation et le travail. Il a conclu que tout ira mieux avec la nouvelle Constitution.
Les manifestants, place Tharir, ne cèdent pas
Sur la place Tharir, quelques minutes seulement après le discours de Mohamed Morsi, la colère s'exprime, nous rapportent nos envoyés spéciaux, Daniel Vallot et Bertrand Eclair. Le discours n’a rien changé aux yeux des manifestants. «Le président s’obstine à ne pas écouter ce que demande la rue… mardi dernier il y avait un monde incroyable ici… Morsi ne veut pas écouter alors que nous étions aussi nombreux que le jour où Moubarak est tombé» nous dit une femme.
La référence à Hosni Moubarak est omniprésente. Pour les manifestants de la place Tahrir, il n’y a plus de différence désormais entre l’actuel président égyptien, et son prédécesseur : « Le discours de Mohammed Morsi c’était exactement comme celui de Moubarak… c’est le même discours !! s'indigne un manifestant. Moi je vais continuer à occuper la place, et s’il le faut on marchera sur le palais présidentiel pour qu’il quitte le pouvoir ! »
Les manifestants de la place Tahrir en sont à leur huitième jour d’occupation, et ce vendredi ils espèrent que la mobilisation des égyptiens contre Mohammed Morsi sera encore plus forte que mardi dernier.