Côte d’Ivoire : visite organisée des camps militaires pour contrer les accusations de torture

Après les accusations d'exactions des défenseurs des droits de l'homme visant l'armée ivoirienne, le gouvernement a décidé de réagir en visitant certains des camps militaires indexés par ces organismes. Une opération organisée par le ministre de la Défense et le ministre la Justice et des droits de l'homme, à laquelle la presse a été invitée, les autorités ivoiriennes souhaitant prouver leur bonne foi. Les autorités reconnaissent des mauvais traitements, mais pas des tortures.

Les ministres sont reçus en grande pompe. A la police militaire d'Adjamé ou encore à la brigade anti-émeutes de Yopougon, c'est journée portes ouvertes pour la presse, certaines ONG et des observateurs internationaux.

Une note de service est placardée devant une geôle de la BAE – un exemple pour Paul Koffi Koffi. Le ministre délégué à la Défense demande au garde de la lire à haute voix : « Il m'est constamment rapporté que certains militaires, en violation flagrante du droit à la liberté et à la présomption d'innocence, incarcèrent les individus comme bon leur semble », déclare-t-il.

A l'intérieur, pas de lumière ni de sanitaires, mais les rares détenus présentés aux ministres ne se plaindront de rien. Pourtant, selon Amnesty International et Human Rights Watch, plusieurs dizaines de civils et de militaires y auraient été détenus arbitrairement, et parfois torturés, ces derniers mois.

Paul Koffi Koffi rappelle alors le contexte des attaques des mois d'août et septembre. « Puisque ce sont des gens en armes, affirme le ministre délégué, la réaction appropriée pour les arrêter amène nos hommes à utiliser aussi les mêmes moyens que l'ennemi, et cela est tout à fait normal. Nous ne rejetons pas en bloc le fait que certains éléments aient pu commettre des exactions et des bavures, et quand cela est connu et su, nous ouvrons des enquêtes ».

Une quarantaine de soldats sont actuellement aux arrêts selon le ministre, mais on ignore pour quelles raisons.

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