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00h50 : Partir ou rester ? C’est le dilemme des nombreux expatriés occidentaux qui travaillent dans les ONG humanitaires à Bukavu. La majorité a choisi de partir. Christine Deschryver, une Belge d’origine congolaise très connue à Bukavu, le regrette. Elle dirige une ONG qui vient en aide aux femmes victimes de violences. Et ne se sent pas capable « d'abandonner ».
00h40 : A Goma, la vie n’est pas revenue à la normale. Ce jeudi, bon nombre d’administrations étaient encore fermées et la plupart des boutiques avaient leur rideau de fer tiré. Sur place, notre envoyé spécial a rencontré Christine, mère de 11 enfants. Dans sa voix, aucun mot de haine, aucun haussement de ton. Seulement une angoisse pleinement justifiée.
23h39 : Un retrait de Goma ne se fera pas sans un dialogue préalable avec le président Kabila, répond le président du M23 aux chefs d'Etat rwandais et ougandais qui lui ont demandé de quitter le chef-lieu du Nord-Kivu.
23h15 : S'il a bien déclaré être d'accord sur le principe pour rencontrer le président congolais Joseph Kabila, le président du M23 a néanmoins annoncé ses exigences et fait part de sa méfiance : « Joseph Kabila ne respecte jamais les engagements qu'il prend. »
22h57 : Le président Runiga a également évoqué pour nous la situation militaire à Sake, que le gouvernement congolais affirmait avoir repris. « Le M23 est à Sake, il est même au delà de Saké, il est sur la route de Bukavu, vers Minova, et sur la route de Massissi, affirme le chef du M23. Vous ne pouvez pas être sur la route de Massissi et laisser vos ennemis derrière vous. les FARDC ont même été pourchassées. »
22h51 : Arrivé à Kampala vers 18h, le président du M23, Jean-Marie Runiga Lugerero, ne rencontrera le président ougandais Yoweri Museveni que demain dans la matinée. Contacté par nos soins, il se dit prêt à discuter également avec Joseph Kabila.
22h30 : Au moins un homme a été tué par des éclats d'obus lors des affrontements qui ont eu lieu à Sake dans la journée.
22h18 : Lors de sa conférence de presse en fin de journée, en plus d'annoncer la suspension du général Amisi, le porte-parole du gouvernement congolais a évoqué la participation de Joseph Kabila aux négociations à Kampala.
21h05 : Toujours à Kampala, Joseph Kabila a fait recevoir son ambassadeur en Angola par le président Jose Eduardo Dos Santos. D'aucuns assurent que Luanda, qui, à plusieurs reprises dans le passé, a volé au secours de Joseph Kabila, pourrait revenir dans le pays, mais cette fois-ci pour faire de la formation et restructurer la chaîne de commandement des FARDC. Restera ensuite à régler le manque d'équipements modernes dont souffre depuis longtemps l'armée congolaise.
20h44 : Selon un communiqué publié ce soir par le 10 Downing Street, le premier ministre britannique David Cameron aurait appelé le président rwandais Paul Kagame pour l'exhorter « à faire tout ce qu'il pouvait pour faire pression sur le M23 afin qu'il se retire de Goma ». M. Cameron a également indiqué « que la communauté internationale ne pouvait ignorer les preuves des liens du Rwanda avec le M23, et que le président Kagame devait démontrer que le gouvernement du Rwanda n'avait pas de lien avec le M23 ».
20h31 : Les commerces ont fonctionné normalement pendant toute la journée à Bukavu, où seul le port est resté fermé. Il n'y a pas d'interdiction formelle de naviguer mais les compagnies ne veulent pas prendre de risque. Cela aura sans doute des conséquences sur la vie quotidienne car Bukavu dépend en partie de la production agroalimentaire de Goma
20h06 : Les Gomatraciens sont encore très partagés sur la conquête de leur ville par le M23. Si pour l'heure, aucune des personnes rencontrées par notre envoyé spécial ne s'est plaint de mauvais traitements perpétrés par les nouveaux maîtres des lieux, certains ne cachent pas leur défiance à l'égard des rebelles, alors que d'autres espèrent qu'ils remettront un peu d'ordre dans la capitale du Nord-Kivu.
Par ailleurs, la situation humanitaire est encore préoccupante. Au delà des déplacements de population, notons que l'eau courante et l'électricité sont encore absentes.
19h58 : Ce soir à Goma, la présence des militaires du M23 est encore assez discrète. On voit peu de véhicules rebelles, sans doute partis sur Sake, ou de policiers, d'ailleurs appelés à se rendre dans un camp militaire demain matin afin d'être redéployés et de recevoir une « formation idéologique ».
Les casques bleus sont eux aussi assez discrets, on ne croise que quelques patrouilles à bord de véhicules tout terrain. Par ailleurs, la vie des habitants n'est pas encore tout à fait retournée à la normale. Cet après-midi, bon nombre d'administrations étaient encore fermées, la plupart des boutiques avaient encore leur rideau de fer tiré. Comme l'explique une commercante, « les risques sont encore trop grands pour que j'expose mes produits ».
19h26 : Après les combats qui ont éclaté à la mi-journée à Sake, le gouvernement congolais assure avoir reconquis la ville, mais le général Sultani Makenga affirme que ses hommes ont repris le contrôle de Sake aux environs de 17h. Le chef militaire du M23 dit avoir repoussé les FARDC, appuyées par des combattants Maï-Maï et les FDLR, vers le sud, près de la localité de Minova.
Un chef Maï-Maï, que nous avons pu joindre, dit lui que Sake, cette localité stratégique (puisqu'elle ouvre la voie vers Goma mais aussi vers le Sud-Kivu), a été perdue pendant un court laps de temps par le M23 avant d'être reprise. Selon lui, les rebelles ont d'abord été attaqués depuis les collines, pris par surprise, puis dans le centre-ville par une centaine de Maï-Maï du groupe de l'APCLS. Les soldats des FRDC sont ensuite venus les appuyer.
Mais après, un malentendu aurait éclaté entre l'armée gouvernementale et ses supplétifs. Les Maï-Maï auraient donc décroché de leurs positions et l'armée leur aurait emboité le pas. Des journalistes qui se sont rendus sur place confirment que le M23 était maître de Sake en fin d'après-midi. Une ville vidée de ses habitants, la population ayant pris la fuite en direction de Goma.
19h02 : Voilà l'extrait du rapport final de l'ONU, rédigé par un groupe d'experts indépendants et publié hier, qui met en cause le chef d'état-major de l'armée de terre congolaise : « Le général Gabriel Amisi, chef d’état-major des forces terrestres, contrôle un réseau de distribution de munitions de chasse à des braconniers et des groupes armés, dont les Raia Mutomboki. Le désarmement et la gestion des stocks d’armes sont également entravés par la progression de la demande d’armes en rapport avec le M23 : sur le marché des armes légères, les prix ont été multipliés par quatre. »
L'intégralité du rapport est disponible sur ce lien. L'extrait en question est à la page 4.
18h45 : Le ministre de la Communication et des médias congolais Lambert Mende a annoncé, lors d'une conférence de presse, la suspension pour raison d'enquête du général Gabriel Amisi, chef d'état-major des forces terrestres, accusé par un rapport de l'ONU d'avoir vendu des armes à des rebelles.
17h43 : Nous sommes toujours dans l'incertitude quant à l'issue des combats qui ont débuté à Sake ce matin entre le M23 et les FARDC, apparemment épaulées par les Maï-Maï de l’Alliance des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain (APCLS). D'après la radio onusienne Radio Okapi, cette coalition aurait repoussé les rebelles de la ville, alors que le M23 nie l'information. De sources humanitaires, les affrontements ont provoqué de nouveaux déplacements de populations, de Sake vers Goma.
16h30 : A Bukavu, après les manifestations de colère de mercredi matin, c’est la résignation qui semble prendre le dessus, comme nous l’expliquait à la mi-journée Bruno Minas, notre envoyé spécial dans le chef-lieu du Sud-Kivu :
« Pour les habitants de Bukavu, il semble évident que le M23 sera ici tôt ou tard. Question d’heures ou question de jours. Un sentiment attisé par le départ des expatriés des nombreuses ONG et des agences humanitaires, qui ont pris la route pour se mettre à l’abri, soit au Rwanda, soit au Burundi. La grande préoccupation est de savoir comment ça va se passer : y aura-t-il de la résistance ou pas ? Beaucoup de civils préfèrent évidemment que cela se passe sans casse, car Bukavu a déjà connu par le passé des violences urbaines, ils ne veulent pas que ça se reproduise. Il y a aussi beaucoup de rumeurs. Chacun croit savoir où se trouvent les rebelles, à quel niveau sur l’axe entre Goma et Bukavu, qui fait environ 200 kilomètres. D’autres parlent d’infiltration déjà en cours. Beaucoup de gens vous parlent d’un texto ou d’un coup de fil qu’ils ont reçu de quelqu’un qui leur a dit que, et cætera. En tout cas, on ne ressent pas vraiment de panique. Le mouvement de colère d’hier contre les autorités et contre la Monusco est retombé, les commerces et marchés travaillent normalement. Seul le port, sur le lac Kivu, est paralysé puisqu’il n’y a plus aucun trafic de bateaux avec Goma. »
15h25 : Dans un communiqué commun, les évêques d'Afrique ont exprimé leur indignation par rapport au « drame humain majeur » que représente pour eux le conflit au Nord-Kivu. « Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, victimes des affres de cette guerre qui leur est imposée, sont désemparés et jetés une fois de plus sur la route dans un dénuement total à Goma et dans ses environs. Ils sont à la merci des intempéries, de la faim, du viol et de toute sorte d’exactions, y compris l’enrôlement d’enfants. Cela constitue une offense à leur dignité de personne humaine et d’enfants de Dieu », déclarent ces évêques en provenance de 34 pays du continent, participant à la Rencontre sur l’identité et la mission de Caritas, qui se tenait du 20 au 22 novembre à Kinshasa.
- Vous pouvez retrouver le texte complet du communiqué en cliquant ici.
14h18 : D'après Amani Kabasha, un chargé de communication du M23 cité par l'AFP, le président du mouvement rebelle, serait parti pour Kampala, en Ouganda. Alors qu'il devait tenir une conférence de presse ce jeudi à Goma, Jean-Marie Runiga Lugerero aurait été « appelé en urgence [...] pour aller discuter avec son excellence le président
Museveni ». Depuis deux jours, le chef de l'Etat ougandais multiplie les réunions avec ses homologues congolais et rwandais, Joseph Kabila et Paul Kagame.
12h00 : Le président du M23 s'est exprimé pour la première fois depuis la prise de Goma. « Il faut se mettre autour d'une table avec la société civile, la diaspora, l'opposition, le gouvernement, a-t-il déclaré à l'Agence France Presse. On attend une offre du président Kabila pour le dialogue. » Le chef rebelle a précisé que « s'il y a des problèmes et des revendications spécifiques au M23 », il y a aussi « le problème de la démocratie en RDC, des problèmes de gouvernance, des problèmes sociaux, des problèmes concernant les droits de l'homme ». Runiga a par ailleurs déclaré à l'agence Reuters que l'offensive se poursuivrait tant que les négociations ne seront pas ouvertes. « Je n'ai pas confiance, a-t-il dit, parce que j'ai attendu trois mois à Kampala pour négocier. »
11h00 : Notre envoyée spéciale Stéphanie Aglietti vient d'arriver à Goma. Elle nous parle de la situation dans la ville ce matin, moins de 48 heures après la prise de pouvoir du M23 : « La situation à Goma semble être revenue à la normale. La quasi totalité des commerces a rouvert ce matin. J'ai pu interroger des commerçants qui me disent que tout va bien, qu'ils retournent à leurs occupations comme avant et qui précisent qu'il n'y a pas de voleurs. Ceux-ci auraient peur du M23. Chose assez déconcertante cependant, il n'y a aucun policier ni agent de l'Etat en activité dans la ville. Tous ont vu leur activité suspendue dans l'attente de nouvelles instructions. Le M23 est lui-même très peu présent dans la ville. On ne voit pas de patrouilles. Quelques soldats sont en poste à la frontière avec le Rwanda. Ils discutaient, ils ne faisaient pas trop attention à ce qui se passait. J'ai même vu un soldat marcher dans la rue sans arme. La Monusco est également très peu présente, les patrouilles sont rares. Seuls quelques camions citernes viennent pour s'approvisionner. Les soldats restent principalement dans les différentes camps de la Monusco. »
08h30 : Un sommet extraordinaire de la Conférence internationale sur les Grands Lacs sera organisé samedi 24 novembre à Kampala, en Ouganda, en présence de Joseph Kabila et Paul Kagame, présidents de la RDC et du Rwanda, ainsi que la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, et le commissaire pour la Paix et la Sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra.
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