Mauritanie : difficile, pour les réfugiés maliens, de fêter la Tabaski

Les réfugiés maliens qui se trouvent depuis plusieurs mois dans le camp de M'bera, en Mauritanie, se plaignent toujours de leurs conditions de vie. Ils évoquent des problèmes de distribution alimentaire et n’auront pas le nécessaire pour fêter la Tabaski qui commence ce vendredi 26 octobre. Le Programme alimentaire mondial (PAM) confirme que la ration d’octobre n’a pas été livrée pour cause de rupture d’approvisionnement en riz.

La fête de la Tabaski - d’une durée de trois jours - appelée aussi Aïd el-Kebir, et pendant laquelle les familles musulmanes sacrifient généralement un mouton, ne sera pas ce qu’elle devrait être dans le camp de réfugiés maliens, M’bera, en Mauritanie. Selon le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), le camp abrite environ 110 000 personnes. Ces réfugiés maliens fêteront non seulement la Tabaski loin de chez eux mais aussi dans des conditions de vie de plus en plus difficiles au fur et à mesure que le temps passe.

« Un village de fantômes »

Cela fait maintenant huit mois que la plupart de ces réfugiés maliens se trouvent dans ce camp. Certains n’ont toujours pas d’abri ; la rentrée scolaire n’a toujours pas eu lieu - les enfants ont été scolarisés pendant, à peine, trois mois, de juillet à septembre ; et les populations, sans ressources - 80 % n’ont pas de revenus - se sentent abandonnées. C’est ce que rapporte Mohamed Ali ag Almou Mbarek, élu de la région de Tombouctou, dans le nord du Mali, et actuellement porte-parole d’un groupe de réfugiés dans le camp de M’bera.

Joint par RFI, Mohamed Ali ag Almou Mbarek regrette que les populations soient « livrées à elles-mêmes, sans aucun encadrement et sans aucune activité ». Il évoque également de « sérieux problèmes d’alimentation » et craint également de futurs problèmes d’eau car « les points d’eau et les fontaines, jusqu’ici sous surveillance, ne le sont plus ». Il compare le camp de M’bera à « un village de fantômes ».

Retard dans la distribution et changement de ration

La ration de ce mois d’octobre aurait du être distribuée dans la première quinzaine du mois. Finalement, elle le sera seulement après la Tabaski, à cause d’un problème d’approvisionnement en riz, riz qu’il a fallu changer par du blé - un changement qu’il a aussi fallu faire valider par les différents acteurs. C’est ce que nous explique Francesca Manili, chargée du programme d’assistance aux réfugiés pour le PAM, jointe par RFI.

Un retard dans la distribution mais pas seulement. Les réfugiés maliens rappellent que le blé ne correspond pas à leur alimentation.

Le PAM se veut rassurant et explique que cette ration de blé est exceptionnelle. « Ce n’est que pour le mois d’octobre », a précisé Francesca Manili qui a aussi tenu à dire que « des comités ont été mis en place pour pouvoir avoir, pendant que les distributions sont en cours, douze centres dans le camp où des femmes maliennes, ensemble avec des femmes mauritaniennes , vont faire des démonstrations culinaires pour apprendre aux gens comment utiliser le blé et quelles recettes utiliser pour préparer ce blé ».

Une douzaine d’ateliers de cuisine pour 110 000 personnes installées dans ce camp, « ce n’est pas assez et cela ne réglera pas notre problème », regrettent certains réfugiés.

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