Avec notre envoyée spéciale à Bamako,
Ce rendez-vous diplomatique de haut niveau est chapeauté par l’Union africaine qui est donc arrivée en force ici à Bamako ces dernières 48h. La délégation est menée par Nkosazana Dlamini- Zuma, la nouvelle présidente de la commission, qui fera là sa première et grande sortie sur cet épineux dossier malien.
Les Nations unies ont dépêché de leur côté une quinzaine d’émissaires dont le vice-secrétaire général Jan Eliasson et Romano Prodi, le nouvel envoyé de l’ONU pour le Sahel. Jean-Felix Paganon l’émissaire spécial de Paris pour la région est aussi présent tout comme le numéro deux de la diplomatie de l'Union européenne.
L’objectif de cette grand-messe, sera de rappeler qu’il y a urgence à aller de l’avant dans la négociation avec les groupes armés qui occupent le Nord mais aussi dans la préparation d’une éventuelle opération militaire. Les participants examineront en particulier une note élaborée par l’Union africaine, qui donne les grandes étapes pouvant mener à un règlement de la crise.
Cette réunion intervient, il faut le rappeler, une semaine à peine après l’adoption d’une résolution par le Conseil de sécurité, qui donne 45 jours aux pays d’Afrique de l’Ouest pour préciser les plans militaires en cas d’opération.
Les autorités sous pression
Nous sommes là pour dire aux autorités de transition que cela suffit, qu’il faut aller de l’avant maintenant. Voilà ce que confie un participant avant de préciser que si cette réunion se déroule à Bamako, c’est donc bien pour que le message soit entendu au plus haut sommet du pouvoir malien.
Sept mois après le coup d’Etat, il n’y a pas eu de grandes avancées, pointe de son côté un diplomate européen, qui rappelle qu’il a fallu six réunions des chefs d’Etat de la Cédéao, Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, et des dizaines de rencontres au niveau des chefs d’état-major de la sous-région pour que les autorités maliennes acceptent finalement d’aller à l’ONU, réclamer un soutien clair de la communauté internationale.
Nombreux sont donc les participants qui tentent ce vendredi de demander aux autorités de transition de faire preuve de responsabilité et de montrer une vraie volonté de résoudre la crise dans le nord du pays.
Le double discours que tiennent encore certains hauts responsables maliens n’a échappé à personne explique un leader politique qui doute qu’une seule journée suffise pour que tous les partenaires ici présents et les Maliens puissent accorder leurs violons et concrétiser les bonnes intentions formulées à l’ONU, il y a quelques jours.
Réactions
L'Union africaine attend beaucoup de cette réunion. Ramtane Lamamra, commissaire oaix et sécurité de l'UA est optimiste.
Parmi les dossiers au menu, évidemment, la planification d'une intervention militaire africaine au nord du Mali. Le 12 octobre, le Conseil de sécurité des Nations-unies a adopté une résolution préparant le déploiement d'une force militaire internationale de quelque 3 000 hommes dans le pays, et donnant 45 jours à la Cédéao, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest pour préciser ses plans. Toutefois, pour le président béninois Boni Yayi, président en exercice de l'Union africaine, c'est désormais à la communauté internationale de s'approprier ce dossier. Boni Yayi, interrogé mercredi à Bruxelles lors des Journées européennes du développement.
Pour sa part, la Guinée est prête à livrer au Mali des armes achetées par le régime d'Amadou Toumani Touré, avant qu'il ne soit renversé en mars, et qui étaient bloquées depuis fin juillet au port de Conakry. Maître Kabélé Camara, ministre guinéen chargé de la Défense s'en explique :
L'attente du Front du refus
A la veille de cette réunion, un rassemblement contre une intervention militaire dans le Nord a rassemblé jeudi au moins 2 000 personnes à Bamako, dont plusieurs responsables religieux. Au même moment, le FDR, (Front uni pour la défense de la République et de la démocratie - coalition de partis opposés au coup d'Etat), lui, redit son souhait de voir une intervention étrangère rapide pour reprendre les régions tombées aux mains des groupes islamistes.
Le FDR, qui rassemble nombre de partis politiques et de représentants de la société civile veut faire passer le message le jour où se retrouvent à Bamako les partenaires internationaux du pays : il faut aller vite.