Tunisie : le pouvoir cède à une revendication phare des médias en grève

La grève des journalistes a été bien suivie le 17 octobre. La profession protestait contre les pressions du gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda. Les médias, tous secteurs confondus, radio, TV, presse écrite, internet, publics comme privés, ont été perturbés par le mouvement. Mercredi soir, le gouvernement a annoncé qu'il allait appliquer deux décrets garantissant la liberté de la presse.

C'était une vieille revendication des journalistes tunisiens. Il s'agit de deux décrets signés il y a un an en novembre 2011 par l'ex-président interimaire de transition. Deux textes garantissant la liberté de la presse mais jamais appliqués jusqu'ici par l'actuel gouvernement à majorité islamiste. Cela devrait bientôt changer.

Après une grève nationale d'une journée observée mercredi par les médias tunisiens, la coalition au pouvoir annonce que les décrets 115 et 116 seront finalement appliqués. Le premier interdit notamment des restrictions à la circulation de l'information et assure la protection des sources.

Le second doit donner naissance à une haute autorité indépendante de régulation des médias, censée jouer un rôle central dans la nomination des directeurs de l'audiovisuel public.

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement dominé par le parti Ennahda a remplacé la quasi totalité des chefs de médias publics. C'est d'ailleurs l'une des raisons de son bras de fer avec des médias souvent critiqués par les islamistes pour avoir autrefois largement soutenu la dictature Ben Ali.

Depuis huit jours, au sein du quotidien Dar Assabah, autrefois propriété d'un gendre de Ben Ali, sept journalistes observent justement une grève de la faim pour protester contre la nomination par le Premier ministre d'un ancien cadre du ministère de l'Intérieur à la tête de leur journal.

Le communiqué gouvernemental qui annonce l'application prochaine de ces deux décrets garantissant la liberté de la presse ne mentionne pas en revanche les autres revendications des journalistes en grève, en particulier donc le limogeage des directeurs de médias publics nommés ces derniers mois et qui sont accusés de complaisance voire de soumission à l'égard du pouvoir actuel.

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