Les braconniers ont toujours tué dix à vingt rhinocéros par an en Afrique du Sud. Mais depuis cinq ans, ils en massacrent chaque année un peu plus : 122 en 2009, 333 en 2010 et déjà 455 cette année alors que nous ne sommes qu'en octobre.
Via le Mozambique, les cornes sont envoyées frauduleusement vers l'Asie : Chine, Thaïlande, Vietnam. Composée de kératine, la même matière que les ongles humains, la corne y est très prisée dans la médecine traditionnelle.
La demande ne cesse d'augmenter et la corne se vend à prix d'or : 50 000 à 60 000 euros le kilo sur le marché noir d'après les connaisseurs. Dans la mesure où une corne pèse 4 à 5 kilos, pour les trafiquants, l'affaire est juteuse. Etant donné que l'Afrique du Sud abrite les trois quarts de la population mondiale de rhinocéros, les braconniers se tournent donc vers elle.
Jacques Flamand, vétérinaire au Fonds mondial pour la nature (WWF) en Afrique du Sud l'explique : « Il y avait également des rhinocéros en Asie. Mais maintenant, il y en a beaucoup moins. Et comme il y a moins de rhinocéros au nord des régions sud-africaines, tous les braconniers portent maintenant leur attention vers l’Afrique du Sud où il y a à peu près 20 000 rhinocéros. La plupart sont dans le parc Krüger qui est une énorme réserve de 2 millions d’hectares et donc très difficile à patrouiller ;la sécurité des rhinocéros n'y est donc pas optimale ».
La seule satisfaction se trouve dans le fait que le rhinocéros se reproduit encore à un rythme plus rapide que le braconnage. Cependant, en Afrique du Sud, devant le massacre perpétré chaque année par les braconniers et le coût des mesures de protection, beaucoup réclament la légalisation de la vente de corne. Ainsi, cette mesure couperait l'herbe sous les pieds des trafiquants. De plus, la corne peut être coupée sans abattre l’animal et elle repousse très vite.
De son côté, la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages (Cites) est opposée à la légalisation de la vente de corne.