Avec nos correspondant et envoyés spéciaux,
Le président français avait longuement réfléchi et consulté avant de finalement décider de se rendre à Kinshasa pour le sommet de la Francophonie. Car la marge de manoeuvre de François Hollande était étroite : comment venir dans un pays où les dernières élections ont été entachées de graves irrégularités ?
La stratégie du président français -de multiplier avant et pendant le sommet de petites phrases assassines sur le processus démocratique congolais-, a été parfois à la limite des usages diplomatiques.
En s’affichant ouvertement avec les responsables de la société civile, François Hollande a légitimé l’action de ces organisations de défense des droits de l’homme. L’objectif de cette campagne était de faire endosser par la famille francophone le débat sur la gouvernance démocratique et les droits de l’homme au Congo, mais aussi ailleurs.
L’objectif a été en partie atteint. Jamais dans les annales des sommets de la Francophonie, on avait autant parlé de nécessaire réforme démocratique. La déclaration de Kinshasa reconnaît par exemple le rôle de la société civile et des organisations de défense des droits de l’homme. Le choix du pays qui accueillera le prochain sommet est à ce titre révélateur. Entre la démocratie sénégalaise et le régime de parti unique vietnamien, c’est le Sénégal qui a été choisi et ce n’est pas un hasard.
Le président congolais finalement peu déstabilisé
Mais en fin diplomate, François Hollande a aussi accompagné ses critiques de gestes à l’égard de Kinshasa. La France soutient ainsi ouvertement la République démocratique du Congo dans le conflit qui l’oppose dans l’est du pays à des rebelles soutenus par le Rwanda.
Joseph Kabila a même obtenu une résolution de l’Organisation internationale de la Francophonie soutenant la RDC dans la guerre de l’Est. Le Rwanda a été montré du doigt. Cela a permis de dire que les grandes violations des droits de l’Homme se passent à l’Est et ne peuvent donc être imputées au pouvoir de Kinshasa. Joseph Kabila qui se garde toujours de désigner lui-même le Rwanda comme l’agresseur, utilise pour sa défense un fait historique. Le régime dictatorial de Mobutu a été balayé alors qu’il était soutenu par les Occidentaux, les mêmes qui critiquent le Congo d’aujourd’hui.
Joseph Kabila, qui avait failli renoncer à accueillir le sommet de la Francophonie, au prétexte de la guerre à l’Est et de son coût avant de se laisser convaincre par quelques uns de ses proches, à commencer par le ministre de la Communication Lambert Mende, n’a donc finalement pas été tellement déstabilisé par les critiques de François Hollande et du Premier ministre canadien sur le non-respect de la démocratie et des droits de l’homme en RDC.