Débordé sans doute par les demandes nombreuses et contradictoires des groupes parlementaires qui veulent voir leur région prendre part au gouvernement, Moustapha Abuchaghour proposait, dimanche 7 octobre, un gouvernement de crise, sans considération géographique.
Pour Majda al-Fellah, membre du Congrès représentant le Parti justice et construction, Abouchagour paie surtout pour sa faiblesse : « Ses choix démontrent qu'il n'est pas la bonne personne pour diriger ce pays. Il y a eu beaucoup de cafouillages jeudi. Une seconde chance lui a été donnée. Et là, il décide de former un gouvernement de crise. Ce qu'il n'avait jamais laissé entendre précédemment. »
Peu après le vote, Moustapha Abouchagour s'est adressé à nouveau aux membres du Congrès :« Je respecte le choix du Congrès de me retirer sa confiance. J'y vois un pas de plus vers un Etat libyen démocratique. Mais, j'appelle le Congrès à choisir rapidement un Premier ministre et un gouvernement pour éviter au pays un vide politique qui lui serait dommageable. »
Les membres du Congrès doivent donc élire ou désigner un nouveau chef du gouvernement. Depuis hier, les discussions ont débuté pour déterminer les modalités de ce nouveau choix.
Pas de vide politique annoncé
Les députés, soucieux d'assurer la continuité des institutions, ont décidé de renouveler leur confiance dans le gouvernement sortant d'Abdel Rahim al-Kib. Il devra gérer les affaires courantes jusqu'à ce que les parlementaires se choisissent un nouveau Premier ministre. Cela pourrait prendre plusieurs semaines.
Les groupes extémistes et les nostalgiques de l'ancien régime, seront-ils tentés de profiter de ce flottement pour accentuer leurs opérations de destabilisation ? Hassan el-Amine, député indépendant de Misrata, n'est pas inquiet : « Il n'y aura pas de vide politique, nous avons un gouvernement intérimaire, nous aurions préféré éviter d'avoir à choisir de nouveau un Premier ministre. Mais après tout, le Congrès général est souverain et si des décisions graves s'imposent, nous saurons les prendre. »
La situation pourrait remettre en selle le libéral Mahmoud Jibril. Il lui avait manqué quelques voix pour décrocher le poste de Premier ministre le mois dernier. Mais rien n'a encore été décidé, tempère Hamoudia Siala le porte-parole de son parti l'Alliance des forces nationales : « Nous sommes encore au stade des négociations. Si M. Jibril est accepté par tous les partis, nous allons tout faire pour le propulser au poste de Premier ministre. Le cas échéant, il nous faudra nous reporter sur une autre personnalité. »
L'Alliance des forces nationales de Jibril n'exclut pas un partenariat avec les islamistes du Parti justice et construction, affilié aux Frères musulmans, et qui est la deuxième force politique de la Libye.