Le porte parole du ministère de l'Intérieur avait déclaré il y a plusieurs semaines que la jeune femme violée avait été interpellée dans une position immorale. « Ces déclarations visent à justifier le viol » avait protesté Saïda Garrache, l'une des avocates de la victime.
Aujourd'hui Maître Garrache ne décolère pas depuis que sa cliente se retrouve dans le box des accusés : « Le procureur de la République suit les ordres du ministre de la Justice. Donc il a pris une décision sous instruction. Cela fait un bon moment, depuis l’arrivée de ce gouvernement, plusieurs tentatives d’harcèlement, d’atteinte aux droits des femmes dans les espaces publics commencent à être 'tolérés' , d’une manière ou d’une autre ».
L'affaire a provoqué des remous au sein de la classe politique tunisienne. Lobna Jeridi, députée d'Ettakatol, partenaire du parti islamiste Ennahda, est révoltée. Elle a participé, avec trente femmes députés de tous bords, à une réunion jeudi après-midi pour identifier les moyens de soutenir la victime :
«Cette femme victime a eu le courage aujourd’hui de porter plainte. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas faire un procès pour atteinte aux mœurs avant le procès du viol, un viol commis par des agents de sécurité . Cette affaire va baillonner complètement les femmes violées ».
Les trois policiers ont été incarcérés. La victime a déclaré qu’elle n’envisageait pas de renoncer à sa plainte. De son côté, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué appelant à ne pas instrumentaliser cette affaire.