Tunisie : la défense de la femme violée par des policiers accuse le pouvoir

Les autorités tunisiennes sont pointées du doigt, après l'agression d'une jeune femme début septembre. Violée par deux policiers, elle doit comparaître mardi prochain, pour «atteinte à la pudeur». Il lui est reproché son attitude, alors qu'elle était avec son petit ami. C'est à la suite de l'interpellation du couple qu'elle a été abusée. Ses avocates accusent le gouvernement, dominé par le parti islaimiste Ennahda d'être moralement et politiquement responsable des agressions policières contre les femmes.

Le porte parole du ministère de l'Intérieur avait déclaré il y a plusieurs semaines que la jeune femme violée avait été interpellée dans une position immorale. « Ces déclarations visent à justifier le viol » avait protesté Saïda Garrache, l'une des avocates de la victime.

Aujourd'hui Maître Garrache ne décolère pas depuis que sa cliente se retrouve dans le box des accusés : « Le procureur de la République suit les ordres du ministre de la Justice. Donc il a pris une décision sous instruction. Cela fait un bon moment, depuis l’arrivée de ce gouvernement, plusieurs tentatives d’harcèlement, d’atteinte aux droits des femmes dans les espaces publics commencent à être 'tolérés' , d’une manière ou d’une autre ».

L'affaire a provoqué des remous au sein de la classe politique tunisienne. Lobna Jeridi, députée d'Ettakatol, partenaire du parti islamiste Ennahda, est révoltée. Elle a participé, avec trente femmes députés de tous bords, à une réunion jeudi après-midi pour identifier les moyens de soutenir la victime :

«Cette femme victime a eu le courage aujourd’hui de porter plainte. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas faire un procès pour atteinte aux mœurs avant le procès du viol, un viol commis par des agents de sécurité . Cette affaire va baillonner complètement les femmes violées ».

Les trois policiers ont été incarcérés. La victime a déclaré qu’elle n’envisageait pas de renoncer à sa plainte. De son côté, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué appelant à ne pas instrumentaliser cette affaire.

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