Elle s’appelle Suza, une jeune fille de 19 ans, un peu débraillée. Elle vient d’arriver ce mercredi dans ce centre d’accueil pour enfants de la rue. Elle raconte que les policiers ont commencé à la « tracasser » comme elle dit, et qu’avec la police « c’est toujours pareil. On nous maltraite, on nous bat, on nous amène au cachot ».
A l’approche du sommet de la Francophonie, la tentation est grande de présenter une capitale tranquille, sans mendiants, sans enfants des rues. Le Réseau des éducateurs des enfants et jeunes de la rue (Reejer) mène deux actions en ce moment : mettre à l’abri les enfants dans une quarantaine de centres d’accueil, et surtout, il assure une formation aux policiers aux droits de l’enfant. Plus question de rafle selon le coordinateur du réseau Remy Mafu : « Ces enfants sont des Congolais, la Francophonie c’est aussi pour ces enfants-là. On ne peut pas rafler un enfant ! J’insiste. Et nous, nous serons présents pour ça ! »
Et le message a été entendu, si l’on en croit le commissaire supérieur Jean-Louis Mukembo. « Je crois qu’avec ces ateliers, avec la sensibilisation, nous ferons un effort de suivre ce qui nous a été enseigné pour éviter ces dérapages », avance-t-il.
A Kinshasa, on les appelle les « shégués », ils vivent de mendicité et de vol à la tire. On estime leur nombre à environ 20 000. En moyenne, deux enfants naissent dans la rue chaque jour, plus de 700 par an. Un phénomène de génération selon Guillaume Banga, responsable de l’ONG Hope : « J’ai même trouvé des grand-parents de la rue. Parce qu’il y a des enfants qui ont fait des enfants dans la rue, et leurs enfants ont fait aussi des enfants. Il y a maintenant trois générations. »