Françoise Larribe, ex-otage au Sahel: «Ils sont en vie, c'est une énorme bouffée d'espoir»

Françoise Larribe, ex-otage enlevée il y a deux ans par al-Qaïda au Maghreb islamique à Arlit, dans le nord du Niger, réclame le retour rapide des Français toujours détenus dans la région, dont son mari Daniel. Zéphyrin Kouadio a recueilli pour RFI son témoignage lors de la réunion organisée samedi 15 septembre à Meudon-la-Forêt (Hauts-de-Seine), domicile de Thierry Dol, l'un de ces Français en captivité au Sahel. 

Pour vous, cette journée est très difficile ?

Effectivement. Il y a exactement deux ans que nous avons été enlevés. Il se trouve que j’ai été relâchée, rendue aux autorités françaises au bout de cinq mois et demi. Les raisons de cette libération, on les ignore. Mais ce que je sais, c’est que j’ai pu rentrer et retrouver le sol français et ma famille. Aujourd’hui, cet anniversaire, ou ce que j’appelle ce « non anniversaire », nous ramène effectivement à cet enlèvement dans la nuit du 15 au 16 septembre 2010.

Pouvez-vous nous raconter justement cette journée du 16 septembre 2010 ?

Il n’y a rien à raconter, sinon que nous avons été arrachés à notre sommeil et que nous avons été très rapidement enlevés et emportés dans des voitures qui ont roulé à très vive allure.

Vous avez rencontré avec les familles des trois autres otages, le président français François Hollande jeudi 13 septembre. Vous a-t-il donné des nouvelles ?

Nous avons eu des nouvelles par cette vidéo que tout le monde a pu visionner, puisqu’elle est parue d’abord en ligne. Puis des extraits sont parus sur les chaînes de télévision. Nous savons donc qu’ils sont en vie. Et pour nous, c’est une énorme bouffée d’espoir, parce qu’on les a vus. On a une preuve tangible de leur existence. Ce fut aussi une énorme émotion, parce que, de les voir comme ça, dans des situations difficiles, complexes, douloureuses, vous pouvez imaginer que cela nous a touchés au plus profond de nous-mêmes.

Le président Hollande, que nous avons rencontré, nous a reçus durant une heure et demie, et nous a fait part d’une réelle empathie et prise en compte de notre désespoir et de nos questionnements. Il nous a affirmé aussi qu’il était dans un réel devoir de réussite, de nous les ramener.

Cela fait déjà deux ans de détention. Avez-vous l’impression que les autorités françaises ont fait leur possible pour obtenir la libération des otages ?

Comme je vous le disais, le président François Hollande nous a dit qu’il était dans une volonté de réussite. Nous, les familles, on veut donc croire à leur retour le plus rapidement possible. Le seul message que nous voulons faire passer, c’est qu’ils nous soient rendus les plus rapidement possible.

En quoi toute cette solidarité autour des otages peut-elle les aider ? Et avez-vous le sentiment que la mobilisation a été constante et efficace à ce jour ?

Cette journée est particulièrement importante pour nous, parce qu’elle est l’expression d’une solidarité au niveau de toute une nation. Elle s’exprime par différents canaux. Mais c’est une solidarité réelle. On se sent entourés et compris dans notre douleur.

Pensez-vous que cette mobilisation peut aider les otages et leur permettre de se sentir soutenus ?

Pour nous les familles, cette mobilisation est importante dans la mesure où, comme je vous le disais, notre douleur, notre désespoir, et notre espoir aussi, sont pris en compte.

Quand on est dans une phase de détention, comme vous avez pu le vivre pendant six mois, quelle est la nature des relations que vous avez pu avoir avec vos ravisseurs ? Un dialogue est-il possible ? 

Imaginez déjà que nous ne maîtrisons pas forcément la langue que les ravisseurs emploient, qu’il y a toujours un traducteur, que lorsque nous avons des besoins à exprimer – par exemple de l’eau ou une couverture supplémentaire –, on a une écoute par le biais d’une personne qui peut parler français ou anglais, ou peu importe la langue. Donc, Il y a toujours un échange possible pour gérer le quotidien par l’intermédiaire d’une personne qui va transmettre nos demandes.

Auriez-vous un message à faire passer ?

C’est qu’ils reviennent. Qu’ils nous reviennent le plus rapidement possible. C’est là le seul et unique message que l’on puisse exprimer avec autant de force. On veut qu’ils reviennent !

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