L'attaque s'est passée à Benghazi, ville considérée comme un fief des islamistes radicaux en Libye. Les manifestants étaient armés, lourdement armés même puisque de source sécuritaire libyenne, on indique que des roquettes ont été tirées contre le consulat, qui, selon des témoins, a été incendié après avoir été pillé et vandalisé.
L'ambassadeur américain, Christopher Stevens, était en poste à Benghazi depuis quatre mois à peine. La Libye, il connaissait bien, puisqu'il avait servi de liaison entre les Américains et les rebelles dès le début de la révolte contre Mouammar Kadhafi, en février 2010.
Pour le moment, les circonstances exactes de sa mort ne sont pas claires : était-il dans l'ambassade lorsqu'il a été tué - certains parlent d'un étouffement au monoxyde de carbone dégagé par l'incendie ? Est-ce qu'il était en train de se rendre en voiture sur les lieux de l'attaque ?
Des débordements sanglants fréquents
Le gouvernement libyen a accusé les partisans de l'ancien régime d'être derrière l’attaque qui a été fatale à l’ambassadeur américain. Il peut s'agir aussi d'éléments isolés. Les Libyens manifestent souvent armes au point et les débordements sanglants sont fréquents.
Par ailleurs, plusieurs groupes constitués ont ciblé des intérêts occidentaux ces six derniers mois à Benghazi. Un attentat à proximité du consulat américain en juin avait fait un blessé parmi le personnel de sécurité. Cet attentat avait eu lieu dans la foulée de l'annonce par Washington, de l'élimination du numéro deux d'al-Qaïda, en l'occurrence le libyen Abou Yahia al-Libi, tué par un drone américain au Pakistan. Cet attentat au consulat avait été revendiqué par « Les brigades du cheikh emprisonné, Omar Abdel Rahman », du nom d'un cheikh égyptien condamné en 1995 à la prison à vie aux Etats-Unis.
Les regards se portent également vers le groupe radical Ansar al-charia, un groupe transnational salafiste qui est très bien implanté à Benghazi. Ce groupe se situe à la lisière des islamistes qui ont accepté le jeu démocratique et des djihadistes. Mais lors d'une réunion en juillet à Benghazi, ses membres avaient menacé de recourir à la force si les nouvelles autorités libyennes ne mettaient pas en œuvre leurs idées.
Attaque « planifiée »
Ce mercredi en fin d'après-midi, l'administration Obama a fait savoir que selon ses informations, l'attaque du consulat « a été planifiée », rapporte le New York Times. Selon un responsable américain joint par l'AFP, cette piste est « l'hypothèse de travail en ce moment ». Les extrémistes auraient profité de la manifestation d'hostilité devant le consulat pour tirer avec des armes de petits calibres, mais aussi avec des lance-roquettes. Pour Mike Rogers, président républicain de la commission du renseignement au Congrès américain, cette attaque porte la signature d'al-Qaïda.