Les lecteurs de Notre Voie sont habitués à ne pas voir leur quotidien affiché en kiosque. Et pour cause : celui-ci est régulièrement sous le coup d'un arrêt de publication d'une durée variable. Cette fois, le journal est suspendu six jour par le Conseil national de la presse.
« Plus d’une fois, nous avons interpellé cette rédaction pour attirer l’attention sur cet aspect des choses, regrette Raphaël Lakpé, le président de l'instance de régulation des médias ivoiriens. Et malgré tout cela, ils ont continué à faire ce qu’on leur demandait de ne pas faire. Cela donne l’impression que M. Laurent Gbagbo est toujours président de la République, ce qui n’est pas exact. Ils entretiennent une certaine défiance vis-à-vis des autorités présentes et vis-à-vis du CNP lui-même. Ils savaient très bien qu’en publiant cette photographie avec les titres qu’ils ont continué de mettre, la sanction qui allait les frapper. La liberté de la presse serait menacée si nous commettions des abus. Or ce n’est pas le cas. Il y a des règles qu’il faut respecter. Celui qui ne respecte ni les règles tombe sous le coup de la loi. »
Mais Abdoulaye Villard-Sanogo, directeur de la rédaction de Notre Voie, n'est pas de cet avis et estime au contraire que « le CNP est d’une mauvaise foi manifeste ». « Nous avons régulièrement écrit "Laurent Gbagbo, l’ex-chef de l’Etat détenu à La Haye". Nous avons dit "Aké Ngbo, le dernier Premier ministre du dernier gouvernement de Laurent Gbagbo". On ne peut pas dire cela et penser que nous adorons le sentiment d’entretenir deux gouvernements dans le pays. Non ! C’est faux ! Et ça nous l’avons déjà expliqué plus d’une fois au CNP. Nous lui avons dit que nous reconnaissons Ouattara comme le chef de l’Etat. »
« Mais on ne sait pas, poursuit M. Villard-Sanogo, ce que le CNP veut ! Bientôt, nous irons les voir pour que tous les soirs, quand nous aurons fini d’écrire nos papiers, nous les remettrons au patron du CNP qui va les censurer puis voir ce qu’on va publier parce qu’on ne sait plus quoi écrire. Tout le monde le sait, nous avons été créé par le président Laurent Gbagbo et comme dans le pays, on pourchasse tout ce qui est pro Gbagbo [...]. C’est la force de la pensée unique. On ne sait pas quoi dire. »