Des femmes, les cheveux couverts d’un voile noir s’agenouillent en pleurant, créant un flot continu de lamentations. Le cercueil est enveloppé dans un drapeau éthiopien. Juste au dessus, une peinture de Meles Zenawi assis sur un fauteuil, souriant.
Tirhas Negash, infirmière de 42 ans, habite en Californie. Elle était venue assister au mariage de sa soeur. En pleurs, la voix chevrotante, elle déclare : « Ma soeur devait se marier, mais on a annulé le mariage à cause de cela. Toute la famille est en état de choc, ma mère est comme un légume… C’était un homme incroyable». Que va t il se passer sans lui maintenant? «Je ne sais pas, dit-elle, c’est dur… J’espère vraiment que ceux qui le remplaceront vont travailler ensemble et suivre sa trace ».
Tibebu Solomon, ingénieur en électricité salue les grands projets hydroélectriques. Pour lui Meles Zenawi « a permis la construction de barrages. C’était très dur d’y arriver car il y avait plein d’interférences politiques ».
Haidar Ahmed est un fidèle de la mosquée al-Nur. En dépit des manifestations qui ont secoué la capitale depuis le début de l’année, protestant contre l’interférence du gouvernement, il estime que les musulmans doivent beaucoup au défunt : « Il ne soutenait pas que les chrétiens ou qu’une religion, il soutenait la société entière et toutes les communautés. Avant, les musulmans étaient opprimés et n’étaient pas reconnus comme faisant partie de la nation ».
Les éloges affluent sans qu’aucune voix discordante ne se manifeste. Le cercueil est exposé au Palais national depuis dix jours et la population ne cesse d’affluer.