Ils étaient sortis par la porte et reviennent finalement par la fenêtre. L'ancien ministre des Affaires étrangères, Sadio Lamine Sow, l'ex-ministre de la Communication, Hamadoun Touré, et l’ex-ministre de la Jeunesse et du Travail, Mamadou Diakité ont perdu leur poste de ministre lundi soir, mais il aura suffi de quelques heures pour qu’ils soient affectés à la primature.
Ces trois nominations relativisent un peu plus le remaniement opéré par Cheick Modibo Diarra et confirment surtout sa volonté d’être le grand maître à bord.
Aux yeux de la classe politique et de la société civile, il est clair aujourd’hui que ce gouvernement manque de représentativité et qu’il porte surtout la marque du Premier ministre.
Un homme politique malien confirme : c’est Cheick Modibo Diarra qui a imposé son gouvernement au président, qui lui a cédé pour éviter un bras de fer.
Une quinzaine de ses proches dans la nouvelle équipe
Le Premier ministre, le président et le capitaine Sanogo s’étaient entendus au départ pour désigner quinze personnalités de la société et proposer chacun cinq de leurs candidats. Mais au dernier moment, le Premier ministre aurait remis en cause cette répartition.
C’est ce que nous confie l’un de nos interlocuteurs qui ajoute : « Si cela ne tenait qu’à lui, Cheick Modibo Diarra aurait gardé l’intégralité de son gouvernement. » Le Premier ministre n’est pas allé jusque-là mais il tire largement son épingle du jeu. Il compte dans sa nouvelle équipe près d’une quinzaine de ses proches, beaucoup plus que n’importe quel autre acteur de la scène politique malienne.
De son côté, la Cédéao a appelé mercredi le nouveau gouvernement du Mali à agir rapidement pour organiser des élections et rétablir « l'intégrité territoriale » du pays. Le nouveau gouvernement devra prendre « sans délai les mesures nécessaires pour relever les énormes défis actuels », a indiqué le chef de la Commission de la Cédéao, Désiré Kadre Ouedraogo, dans un communiqué.
La charia version Mujao règne à Gao
Pendant ce temps, les islamistes continuent à imposer leur loi au nord du pays. Depuis mercredi 22 août, les radios locales ont ainsi interdiction de diffuser de la musique profane. Selon un porte-parole du Mujao, le mouvement terroriste qui tient la ville de Gao, « toute musique occidentale est interdite sur les radios en terre d'islam, il faut à la place diffuser les versets du Coran ». Les artistes s'inquiètent et redoutent que cette interdiction ouvre la porte à une nouvelle série de dérives. C'est ce que craint ce musicien, originaire de Gao, qui préfère rester anonyme.