Sous une grande tente blanche, des milliers de mineurs prient et chantent en mémoire des 44 victimes du conflit social. L’heure est au recueillement, la tension est donc retombée ce jeudi matin à Marikana le temps des commémorations.
Un mineur, les larmes aux yeux, présent sur le lieu de la fusillade il y a une semaine, confie son immense tristesse : « Je n’oublierai jamais. J’ai l’impression que mes amis et mes collègues sont morts pour rien puisque la mine n’a pas fait un geste ». Il dit avoir maintenant besoin d’aide, le soutien de la part d’un psychologue. Les images de la fusillade sont gravées dans sa mémoire.
Plusieurs personnes se sont évanouies dès le début de la cérémonie, écrasées par la douleur. L’émotion était très forte. L’évêque qui a mené le début de cette cérémonie a rappelé les évènements tragiques et a assuré qu’il faut maintenant tout faire pour que les profits de la compagnie minière puissent être redistribués aux ouvriers, et ne pas disparaître au profit des étrangers.
Zuma, le grand absent de la cérémonie
Le président sud-africain Jacob Zuma a installé, mardi dernier 21 août, la commission d’enquête qui doit faire la lumière sur ce qui s’est passé. Mais il n’a pas fait le déplacement à Marikana. Lundi, il avait rencontré les grévistes, mais pour les mineurs, il est arrivé trop tard.
Plusieurs ministres, les chefs de différentes congrégations religieuses et les leaders traditionnels sont eux venus rendre hommage aux mineurs tués. Les ministres ont assuré ce matin que ce ne serait pas un meeting politique, mais les leaders syndicaux ont changé leur programme et ont pris la parole sur scène. Les grévistes réclament toujours une augmentation de salaire de 300% et disent vouloir se battre jusqu’au bout car le sang a trop coulé.
Un homme est monté sur scène, a pris le micro et a appelé à la démission de Jacob Zuma disant que le gouvernement ne s’occupe pas assez de ses ouvriers. Les ministres sont restés impassibles. Et cet homme a aussi appelé à ce que Julius Malema, ce jeune trublion du Congrès national africain (ANC), exclu du parti au pouvoir, soit réintégré. Julius Malema était lui présent aux côtés des mineurs.