Le gouvernement éthiopien a annoncé ce mardi le décès de son chef, Meles Zenawi, dans la nuit. Il se rétablissait depuis deux mois dans un hôpital étranger - on ne sait de quoi - lorsqu'il est décédé. Le Premier ministre n'avait plus été vu en public depuis juin, et son état de santé faisait l'objet de nombreuses rumeurs.
« Il récupérait bien, a tempéré le porte-parole du gouvernement, Bereket Simon, mais tout d'un coup il s'est passé quelque chose et il a dû être emmené d'urgence en unité de soins intensifs. Ils n'ont pas pu le maintenir en vie », a ajouté M. Bereket.
Les rumeurs d'une grave maladie circulaient depuis que l'ancien chef de guérilla, parvenu au pouvoir à la faveur de la chute de la junte militaire de Mengistu Haile Mariam en 1991, n'a pas pu assister au sommet de l'Union africaine organisé en juillet dernier à Addis-Abeba.
C'est le vice-Premier ministre Hailemariam Desalegn qui va désormais assurer l'intérim.
Ambition et répression
Meles Zenawi aura dirigé son pays d'une main de fer pendant plus de 20 ans. Une personnalité complexe qui menait son pays avec une forme d'autoritarisme très pragmatique.
Les pays occidentaux ont surtout salué un partenaire économique ouvert à la modernité. Meles Zenawi libéralise l’économie après les années communistes. Il se lance dans de grands travaux d’infrastructures et fait du pied aux investisseurs étrangers en leur permettant notamment d’acheter des terres. Le régime se targue maintenant d’une croissance à deux chiffres depuis près de dix ans.
Mais l'homme est ambitieux. Surtout, il n’a pas l’intention de s’embarrasser de considérations humanitaires. Contre l’opinion de la communauté internationale, il se lance par exemple, en 2011, dans la construction du barrage de la Renaissance sur le Nil bleu. Cinq milliards de dollars d’investissement, 3 000 m² de réserve naturelle sous les eaux et des milliers de personnes déplacées.
Idem pour les contraintes démocratiques. En 2009, la loi anti-terrorisme est votée. Elle permet d’arrêter près de 200 opposants et de mettre sous les verrous une dizaine de journalistes.
Déjà en 2005, lors des élections législatives qui ont renouvelé Meles Zenawi dans ses fonctions, près de 200 Ethiopiens avaient été tués. Avec des milliers d’autres, ils étaient descendus dans la rue pour dénoncer un scrutin truqué.