Dakar, dans un contre-mémoire présenté en mars dernier, c'est-à-dire avant la défaite d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle, avait contesté la compétence de la Cour. Et sur le fond, le Sénégal se défendait d'avoir manqué à ses obligations internationales. La CIJ vient de lui donner tort sur ces deux fronts.
Avant tout, les seize membres de la Cour ont déclaré à l'unanimité que la CIJ était compétente pour juger du différend entre la Belgique et le Sénégal.
Ensuite, par quatorze voix contre deux, ils ont conclu qu'en ne procédant à aucune enquête préliminaire sur les crimes qui auraient été commis par Hissène Habré, malgré le dépôt de plusieurs plaintes, le Sénégal avait manqué aux obligations que lui imposent plusieurs articles de la Convention des Nations unies contre la torture, qu'il a ratifiée.
La décision de la CIJ n'est pas pour autant un camouflet pour le nouveau président sénégalais. Macky Sall s'était engagé, en juin, à juger Hissène Habré au Sénégal avant la fin de l'année.
De tels engagements n'avaient pas empêché son prédécesseur d'invoquer, tour à tour, des contraintes juridiques et financières, pour justifier le défaut d'enquête préliminaire concernant les faits reprochés à l'ancien président tchadien (à savoir des actes relevant de la torture, du génocide, du crime de guerre et du crime contre l'humanité).
En revanche, ce vendredi, la Cour international de justice, plus haute autorité judiciaire des Nations unies, somme le Sénégal d'agir sans autre délai, et les arrêts de la CIJ ont « force obligatoire ».