Plus jamais ça. Les journalistes et éditeurs maliens l’ont crié jusqu’à en perdre la voix. Intimidations verbales ou physiques, convocations à la sécurité d’Etat, menaces insidieuses... la liberté de la presse est en danger, assure Alassane Diarra, chef du service politique au journal L’Indépendant :
« A mon retour du mini-sommet de Ouagadougou à 2 heures du matin, on m’a poursuivi de l’aéroport jusqu'à chez moi, relate le journaliste. C’était une voiture, non des douaniers, non immatriculée, c’était une voiture noire. Parce que, tout simplement, on me reproche d’aller à Ouaga ! Moi je suis journaliste, je ne suis pas un homme politique. Je vais couvrir [l'actulaité, ndlr]. Même s’il faut aller en enfer, je vais le faire ! »
Qui sont les responsables ? Les manifestants pointent du doigt des individus présumés proches de l’ex-junte militaire. Daouda Konaté, journaliste pour l’hebdomadaire le Challenger, affirme qu'il s'agit « d'hommes en armes, qui travaillent sur toute la ville sans être inquiétés, qui enlèvent les journalistes, qui les tabassent. »
« Aujourd’hui, l’impunité est totale ici au Mali, continue-t-elle. Nous attendons que désormais des mesures soient prises pour protéger les journalistes contre l’escadron de la mort qui sévit ici. »
La marche s’est arrêtée à la Primature avec l’hymne national. Une délégation a été reçue par les services du Premier ministre. Les autorités ont condamné des actes « inacceptables » et promis de faire toute la lumière sur ces agressions.
Makan Koné, le patron de la Maison de la presse de Bamako qui organisait la marche, a annoncé ce mardi soir son intention de saisir la justice contre le gouvernement, afin d'établir les responsabilités dans la série d'agressions dont ont été victimes plusieurs journalistes.