Mali : pas de réaction de l'ex-junte à l'exigence de sa dissolution par la communauté internationale

Les Nations unies, l'Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont exigé jeudi 7 juin la dissolution immédiate de la junte formée le 22 mars par le capitaine putschiste Amadou Sanogo. Celui-ci a plié à bien des pressions diplomatiques, mais il est resté l'homme fort à Bamako, aux commandes de l'armée.

Le Comité national pour le redressement de la démocratie et pour la restauration de l'Etat (CNRDRE), le nom que s'est donné la  junte formée lors du coup d'Etat du 22 mars dernier, n’a pas encore réagi officiellement à l'exigence internationale de sa dissolution immédiate.

Mais les proches du capitaine Amadou Sanogo naviguent entre sentiment de trahison et agacement. Pour eux, la communauté internationale fait preuve d’inconséquence et viole l’accord-cadre du 6 avril, qui s'était soldé par l'avènement d'un gouvernement civil de transition. « La Cédéao nous donne une légitimité en faisant de nous des acteurs de la transition et maintenant on prend une décision unilatérale qui provoquera de nouveaux blocages », avance un membre de l’entourage du capitaine Sanogo.

Plus remontée, une autre personnalité de Kati, une ville-garnison située à proximité de Bamako, considère que cette exigence est sans fondement car le Mali ne se trouve pas sous tutelle. « La communauté internationale ne peut pas décider à la place des Maliens. C’est encore une manœuvre de ceux qui ont mis le pays à genoux alors que nous nous sommes retirés des affaires politiques », s’agace ce lieutenant.

Au sein de la coalition des partis qui ont condamné le coup d’Etat, le sentiment est à l’extrême opposé. Selon plusieurs personnalités du Front du refus, la communauté internationale va dans le sens de leur recommandation en exigeant la dissolution du CNRDRE. « La junte peut à juste titre se sentir trahie, mais cette sommation vient désavouer la médiation burkinabè qui avait fait des militaires des acteurs de la transition », analyse l’un des leaders de la coalition anti-putsch.

Enfin, dans la population à Bamako, les conversations vont bon train au lendemain de cette importante décision.


A Bamako, l'enquête se poursuit suite à l'agression du président par interim Dioncounda Traoré le 21 mai dernier. Oumar Mariko, le secrétaire général du parti de la Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi), fait partie des personnes que la justice souhaitait entendre mais il a refusé de répondre à sa convocation évoquant son immunité parlementaire. Il se trouve aujourd'hui au Ghana après un séjour au Maroc. Mais pas en fuite, affirme Oumar Mariko : il promet de rentrer dans les prochains jours à Bamako.

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