On le dit manipulateur, orgueilleux, avide de pouvoir, Iyad Ag Ghali la figure charismatique de la rebellion des années 90 est devenu un fou de Dieu, un islamiste qui prône l'application de la charia à travers tout le Mali. Iyad a même pris un nom djihadiste, Abou Fadil.
Fin 2011, il crée son mouvement, Ansar Dine. Il s'agit d'une façon d'exister aux côtés du tout nouveau MNLA qui revendique l'indépendance de l'Azawad et qui n'a pas fait appel à lui. Iyad va alors chercher ailleurs les moyens d'exister et de retrouver le leadership qu'il est en train de perdre.
Ses soutiens, il les trouvera auprès du groupe terroriste Aqmi. Ce dernier, originaire d'Algérie, a des connections chez les touaregs ifoghas. Au fil des semaines et des mois, Ansar Dine et son parrain Aqmi vont multiplier les victoires sur les frères du MNLA. Iyad continue à fasciner au point que de nombreux combattants du MNLA, attirés par les moyens financiers d'Ansar Dine, mais aussi par la personnalité de son chef, vont rejoindre le mouvement islamiste.
Iyad souhaite-t-il vraiment un accord avec le MNLA?
Certains de ces proches assurent qu'il est et restera un touareg avant d'être un islamiste. Certains pourtant doutent aujourd'hui de son indépendance vis-à-vis des djihadistes : « Iyad a perdu la main. C'est Abou Zeid et Belmoctar qui lui dictent ses décisions », entend-on à Gao. Hier, un de ses proches, un modéré du mouvement qui conduisait la délégation Ansar Dine à Gao, a quitté la négociation pour rejoindre Kidal.
Au MNLA , des voix s'élèvent désormais à Gao pour refuser cet accord avec Ansar Dine. Un accord incompatible avec les valeurs et l' identité profonde de la région, affirment ces militants et cadres touaregs.