Le tribunal de grande instance de Bujumbura n’a pas dérogé à ses habitudes. Il a annoncé son verdict mardi après-midi, dans une salle d’audience pratiquement vide, et en l’absence des prévenus et des parties civiles, qui n’avaient tout simplement pas été prévenus.
Mais très vite, la nouvelle a circulé de bouche à oreille, et a fait l’effet d’une bombe, en raison de l’autre condamnation qui a frappé des prévenus considérés comme de simples boucs émissaires.
Ernest Manirumva, vice-président de l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques), a en effet été tué en avril 2009, alors qu’il enquêtait sur plusieurs affaires de corruption, dont un important trafic d’armes au sein de la police burundaise.
Le FBI américain, qui a participé à l’enquête, avait recommandé des tests ADN de plusieurs hauts gradés des services secrets et de la police burundaise, des personnalités qui n’ont jamais été inquiétées par la justice.
Aujourd’hui, Pierre Claver Mbonimpa, l’un des principaux leaders de la société civile burundaise, dénonce ce qu’il a qualifié de « procès de la honte pour le Burundi ». « Ce sont les commanditaires qu’on n’a pas pu arrêter qui ont donné les ordres à ce juge de prononcer le jugement comme il a été prononcé ».
Elie Ntungwanayo, porte-parole de la Cour suprême du Burundi, quant à lui, renvoie la balle dans le camp du ministère public : « Le juge ne se saisit pas. Il savait très bien que c’est le ministère public qui est responsable de l’action publique ». Puis il souligne
le droit des prévenus et des parties civiles à faire appel, ce qu’ils comptent faire, sans grand espoir.