Amnesty International: les dirigeants de l’Afrique sub-saharienne n’ont pas tiré les leçons des «printemps arabes»

Dans son rapport annuel, rendu public ce jeudi 24 mai 2012, Amnesty International revient sur la situation des droits humains dans le monde. L’organisation fait état d’une incapacité des dirigeants nationaux et internationaux à protéger les droits humains. Elle rend hommage aux mobilisations des « printemps arabes » de l’année 2011 et souligne que les dirigeants de l’Afrique sub-saharienne n’ont pas tiré les leçons de ces révoltes populaires.

Dans son rapport, Amnesty International affirme que la répression contre les manifestants antigouvernementaux reste toujours de mise en Afrique sub-saharienne et que le grand mouvement d’espoir de l’année 2011 dans le monde arabe n’a pas, pour le moment, porté ses fruits dans les pays au sud du Sahara. Violences commises par les forces de sécurité, détentions arbitraires et tortures sont toujours pratiquées contre ceux qui osent se mobiliser pour organiser des manifestations.

Les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles

Amnesty International souligne également que les forces de sécurité ont tiré à balles réelles contre les manifestants s’opposant au régime en place, notamment dans des pays comme l’Angola, le Burkina Faso, la Guinée, le Liberia, le Malawi, la Mauritanie, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone et le Soudan du Sud faisant parfois de nombreuses victimes. En général, les autorités n’ouvrent pas d’enquête sur l’utilisation excessive de la force et instaurent ainsi, de fait, une situation d’impunité. Selon Amnesty, les forces de l’ordre et de sécurité d’une vingtaine de pays d’Afrique sub-saharienne jouissent d’une impunité généralisée.

Dans son rapport, l’organisation de défense de droits de l’homme fait également apparaître une incapacité – ou une absence de volonté – de la communauté internationale pour protéger les populations civiles. Sa réponse aux crises a bien souvent été marquée par la peur, les atermoiements, l’opportunisme ou l’hypocrisie, rapporte l’ONG.

Une justice équitable pour tous

Amnesty profite aussi de la publication de son rapport pour rappeler le conflit armé en Côte d’Ivoire durant la première moitié de l’année 2011. Les forces combattantes des deux parties se sont rendues coupables de crimes graves dans les six mois qui ont suivi les élections de novembre 2010. Des milliers de civils ont été tués ou blessés. Les forces des deux camps en présence se sont également rendues coupables de violences sexuelles, y compris des viols.

Joint par RFI, Salvatore Saguès, chercheur d’Amnesty International sur l’Afrique de l’Ouest, encourage la Cour pénale internationale et le nouveau président ivoirien à tenir leurs engagements.


 La terrible situation des populations civiles lors des conflits armés

Le rapport d’Amnesty International insiste également sur le conflit entre les deux Soudans et ses conséquences drastiques pour les populations civiles. Suite à l’indépendance du Soudan du Sud, les tensions se sont accrues dans les zones dites de « transition » que sont la région d’Abyei et les Etats du Kordofan méridional et du Nil bleu. L’organisation fait état de centaines de milliers de personnes déplacées, des bombardements aériens aveugles faisant de nombreuses victimes civiles, des attaques militaires… la situation des civils est toujours aussi difficile aujourd’hui.

Joint par RFI, Francis Perrin, vice-président d'Amnesty International France, appelle la communauté internationale à faire pression sur les deux gouvernements pour que les populations civiles soient secourues.

Le rapport d’Amnesty, qui couvre la période allant de janvier à décembre 2011, porte sur la situation des droits de l’homme dans 155 pays et territoires. Il recense aussi des restrictions à la liberté d’expression dans 91 pays et des cas de tortures ou d’autres mauvais traitements dans 101 pays.

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