Avec note correspondant à Libreville,
Assis sur des nappes étalées sur le bitume, les travailleurs de Gabon Fret admirent le ballet des 4x4 sur le boulevard triomphal Omar Bongo. Depuis mardi dernier, ils passent leur journée au soleil et dorment à la belle étoile.
« La journée, il y a le soleil, le soir, les moustiques, dans tous les cas ce n’est pas gai, clament-ils, nous ne vivons pas nous subsistons ; mes enfants ne vont plus à l’école, ils les ont chassés de l’école pour non paiement de frais de scolarité. Ma femme s’est évadée parce que je ne peux plus subvenir à ses besoins ».
Il y a dix-sept mois ils étaient quarante-huit. Trois de leurs camarades sont morts de misère. Il en reste quarante-cinq et ils n’en peuvent plus : « Nous sommes devenus des mendiants. Le Gabon a tout, mais les enfants du Gabon meurent de faim. On a des collègues qui ont perdu des enfants parce que ils n’ont pas pu les faire soigner ».
Sur des draps blancs, ils ont listé leurs revendications et sollicitent la clémence du gouvernement. Jeudi, le ministre de l’Economie s’est entretenu avec deux représentants mais ceux-ci préfèrent la prudence : « Nous, les promesses de la bouche on n’en veut plus ».
Contacté par RFI, le directeur de Gabon fret confirme qu’il n’a pas, lui aussi, reçu son salaire depuis dix-sept mois. Les principaux actionnaires, Bolloré et l’Etat gabonais auraient simplement oublié de décider du sort de ces chefs de famille.