Les policiers en ont mare de l’image qui leur colle à la peau - celle de dernier soutien armé à l'ancien président Ben Ali - contrairement aux militaires qui, eux, avaient fini par surfer sur la vague révolutionnaire, précipitant la chute du dictateur.
C’est pourquoi aujourd’hui, les syndicats de policiers, regroupés au sein de l’Unsfst s’insurgent. Ils affirment être les « boucs émissaires » de la justice militaire pour les tueries de la révolution. Déclaration faite ce mercredi 9 mai, lors d’une conférence de presse, sous le thème « Il est temps de parler ; des vérités dévoilées pour la première fois ».
La justice militaire « mise en cause »
Pour le secrétaire général de l’Unsfst, Montassar El-Matri, les policiers sont« déterminés à défendre les agents condamnés, sans preuve, par la justice militaire, dans des procès politiques et populistes », ajoutant : « Nous ne permettrons pas qu’on en fasse des boucs-émissaires à des fin politiques » et dénonçant des « irrégularité » et des « condamnations sans preuves, sans analyse balistique ».
Au mois d’avril dernier, deux agents des forces de l’ordre ont été condamnés à 20 ans de prison chacun, pour la mort, par balle, d’un jeune civil à Kerkennah. « Comment deux hommes peuvent-ils être condamnés pour une seule balle et un seul tué ? », s’est-il interrogé.
Les syndicats porteront plainte contre l’ancien ministre de la Défense
Les policiers dénoncent donc les procès qui leur sont faits mais également l’attitude des militaires durant la révolution.
L’Unsfst s’insurge ainsi contre l’ancien ministre de la Défense de l’ex-président Ben Ali. Selon les responsables du syndicat, Ridha Grira a diffusé de fausses informations, via les médias, « pour créer le chaos et empêcher la passation du pouvoir dans l’espoir de faire revenir Ben Ali ».
Selon eux, ces « fausses informations » portaient sur des affrontements entre l’armée et la police, sur des tireurs d’élite et des milices tirant sur la population. Ils accusent aussi l’ancien ministre de la Défense d’être « responsable » de la mort des Tunisiens tombés lors des événements de la révolution tunisienne.
Selon un premier bilan officiel provisoire, publié vendredi dernier par le gouvernement tunisien, le soulèvement populaire a provoqué la mort de quelque 338 Tunisiens et 2 174 blessés. Selon ce bilan établi par la Commission nationale d’investigation sur les abus commis depuis le 17 décembre 2011, 66% des personnes ont été tuées par balles et les forces de sécurité sont responsables de 79 % des cas de décès.