Guinée-Bissau : l'ex-parti au pouvoir menacé d'implosion

La direction du PAIGC, l'ex-parti au pouvoir, a rejeté la proposition de la Cédéao de renouveler le bureau de l'Assemblée nationale afin d'élire un nouveau président qui deviendrait président de la transition. La majorité du PAIGC refuse ce compromis, réclamant le retour de Raimundo Pereira et Carlos Gomes Junior à leurs postes, contre l'avis de l'aile dissidente emmenée par Serifo Nhamadjo. Une position qui plonge le pays dans une crise poltique.

En plaçant la classe politique bissau-guinéenne face à ses responsabilités, la Cédéao n'imaginait sans doute pas que le PAIGC, l'ancien parti au pouvoir avant le coup d'Etat du 12 avril, rejetterait toute forme de compromis. Or la direction du parti, favorable à Carlos Gomes Jr et Raimundo Pereira, les deux dirigeants évincés par la junte, vient d'affirmer qu'elle ne participerait pas à la transition.

A quel jeu joue la direction du PAIGC ?

C'est la question qui agite les Bissau-Guinéens après le refus de la direction du parti du plan de sortie de crise proposée par la Cédéao. Sur le papier le plan de la Cédéao a le mérite d'offrir une solution consensuelle. Dès lors que les militaires ne veulent plus entendre parler de Raimundo Pereira et de Carlos Gomes et que cette intransigeance bloque tout processus politique, les députés sont amenés à choisir un nouveau président de transition.

La formule a l'avantage de maintenir le PAIGC aux commandes du pays, et l'aile dissidente du PAIGC, celle de Sérifo Nhamandjo, y est favorable. Mais la direction du parti ne l'entend pas cette oreille. A Bissau on suppute que cette intransigeance est le fruit des pressions exercées par Carlos Gomes junior qui compte toujours sur la communauté internationale pour faire plier les putschistes.

Lundi 7 mai doit théoriquement se tenir à New York une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies à propos de la crise bissau-guinéenne et il semble que le Portugal et l'Angola aient décidé de soutenir Carlos Gomes contre les putschistes au sein des instances onusiennes. En résumé le PAIGC a besoin d'un blocage politique pour démontrer que le plan de la Cédéao est inapplicable.

La voie est ouverte pour le PRS

Cette crise interne du PAIGC laisse la voie ouverte au Parti de la rénovation sociale (PRS), le parti de l'opposant Kumba Yalla pour prendre la direction de la transition. Le PRS est la deuxième force politique à l'Assemblée nationale. Il pourrait donc décider, avec l'aile dissidente du PAIGC, de choisir les dirigeants de la transition. Bien évidement, toute solution qui ne s'appuierait pas sur un consensus aurait pour résultat de fragiliser gravement le processus de transition.

Le PAIGC ne l'ignore pas mais, manifestement, la politique du pire n'effraie plus personne à Bissau.

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