« J'ai été traitée comme un animal, et je ne peux plus vivre normalement. J'étais une femme avec de la dignité, et je l'ai perdue ». C'est une Centrafricaine de 28 ans qui parle, un visage fin, une écharpe gris bleu.
Depuis hier, elle témoigne dans le procès de Jean-Pierre Bemba pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. En sango, sa langue maternelle, elle raconte qu'en 2003, le jour où les troupes congolaises de Jean-Pierre Bemba ont envahi sa ville de Mongoumba, au sud de Bangui, elle a été violée à deux reprises par des hommes du MLC, au point d'en perdre connaissance.
Depuis, elle se dit stigmatisée, on l'appelle la femme des rebelles congolais, et parfois, les gens crachent sur moi, dit elle.
Peter Haynes, avocat de la défense, a commencé aujourd'hui le contre interrogatoire. Jean-Pierre Bemba écoute de son côté, derrière son avocat.
Une autre victime doit prendre la parole après demain. Elles sont deux à avoir été autorisées par les juges à venir s'exprimer à la barre. Deux des quelque 2500 victimes représentées au procès par leurs propres avocats.