Selon HRW, la majorité des viols et pillages d'hôpitaux et de bâtiments publics dans les villes du nord du Mali ont été perpétrés par le MNLA, le Mouvement national de libération de l'Azawad. L'ONG américaine se base sur une centaine de témoins recueillis à Bamako. Comme l'affirme Jean-Marie Fardeau, directeur France de HRW.
Des témoignages recoupés par des chefs communautaires et religieux sur le terrain dans le Nord. Mais pour un porte-parole du Mouvement, le MNLA n'est en rien responsable de ces violences.
Moussa Ag Assarid : « Lorsqu’on lance l’assaut sur une ville comme Gao par exemple, il y a des bandes organisées, d’anciennes milices qui se mettent à piller et nous avons tout fait pour empêcher cela. Il y a aussi d’autres organisations armées qui se sont lancées dans ce pillage. En tous cas, le MNLA les condamne. Nous n’avons pas participé à ces pilages ».
Autre groupe armé visé par HRW : le mouvement islamiste Ansar Dine très bien implanté à Kidal et Tombouctou. Selon HRW, Ansar Dine assure la protection des populations tout en se prêtant à des comportements cruels : exécutions sommaires, mains ou oreilles tranchées, au nom de la charia.
Là encore démenti formel du porte-parole d'Ansar Dine à Tombouctou, Sanda Ould Boumama : « Nous n’avons coupé les oreilles de qui que ce soit. Ce sont des mensonges. Dieu a dit que celui qui vole, on lui coupe la main. C’est notre loi islamique. Pour vous c’est un crime de guerre, pour nous, c’est une justice ».
Pour Ansar Dine, la véritable atteinte aux droits de l'homme est le manque de nourriture que subissent actuellement les populations civiles et le mouvement lance un appel à toutes les ONG humanitaires pour qu'elles interviennent dans le nord du Mali pour prêter assistance.
Pillageset indignation
Entre Niafunké et Mopti, les élus de localités autour du lac Debo dénoncent des attaques du MNLA sur leurs villages. Plusieurs d'entre eux sont d'ailleurs partis se réfugier à Mopti, de peur d'être pris pour cibles.
Depuis une semaine Oumar Kouringago, le maire de Dongo, commune du cercle de Youwarou, est réfugié à Mopti, plus au Sud. Il dit avoir fui des attaques rebelles : « Je suis là avec mon deuxième adjoint. Les rebelles ne touchent pas aux gens du village mais ils pillent les biens de la communauté »
A ses côtés, Demba Konta, deuxième adjoint au maire de Youwarou, dit, lui aussi, avoir quitté sa localité après cinq attaques en deux mois et désigne le MNLA : « Ce n’est pas Ansar Dine. Quand les hommes d’Ansar Dine viennent là, ils font des prêches. Ils ne font qu’acclamer Azawad, Azawad. L’Azawad parce que c’est près des points d’eau, du bétail, de la pêche, de l’agriculture… ».
Le MNLA, par la voix de l'un de ses porte-parole, Moussa Ag Assarid, rejette pourtant toute responsabilité dans ces pillages : « Il y a des personnes de toute sorte qui utilisent aujourd’hui le nom de l’Azawad, le MNLA n’a pas pour objectif de piller et nous déplorons ce qui s’est passé par des bandits, des miliciens, et d’autres groupes armés aussi ».
En tout cas, si les élus s'en vont, pas sûr que le sort de leurs administrés s’améliore.