L'annonce de la libération des dirigeants renversés, et de leur départ pour Abidjan, a été accueillie avec soulagement à Bissau.
En apparence les militaires bissau-guinéens donnent l'impression qu'ils cèdent aux injonctions de la Cédéao. Mais au fond, les choses ne sont pas aussi simples. Tout d'abord, ils expulsent du pays deux hommes politiques qu'ils ont fait arrêter le 12 avril dernier. Et ce faisant, ils espèrent clairement les mettre définitivement hors jeu.
C'est particulièrement vrai à propos de Carlos Gomes junior qu'ils considèrent comme leur ennemi juré. D'ailleurs, c'est tout le sens de cette période de transition qu'ils comptent instaurer. Car si les militaires ont réduit la durée de la transition de deux à un an, là encore sous la pression ouest-africaine, ils comptent bien la confier à un gouvernement composé de personnalités neutres et de technocrates selon les indications du porte-parole militaire.
Enfin, si les militaires acceptent la présence d'un contingent de la Cédéao, c'est pour mieux neutraliser la force militaire envoyée par l'Angola et qu'ils accusaient d'être au service de Carlos Gomes. L'armée bissau-guinéenne estime sans doute moins dangereuse pour ses intérêts vitaux une force ouest-africaine que le contingent angolais. Pour l'état-major, l'essentiel était enfin de neutraliser l'axe politique entre Luanda et Lisbonne qu'ils considèrent comme le principal soutient de Carlos Gomes. Le plan de la Cédéao leur offre pour un temps cette satisfaction.