Mali: la vague d'arrestations de personnalités suscite des protestations

Des personnalités civiles et militaires ont de nouveau été arrêtées à Bamako ce mercredi 18 avril, parmi lesquelles Kassoum Tapo, le porte-parole de l'Adema (Alliance pour la démocratie au Mali), et Tiéman Coulibaly, le président de l'UDD (Union pour la démocratie et le développement). Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fait part de sa préoccupation.Tandis que le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, a fermement condamné ces nouvelles arrestations. Au total 22 personnes ont été arrêtées au cours des deux derniers jours selon un bilan dressé mercredi soir par le patron de la gendarmerie malienne, le colonel Diamou Keïta.

Dans la foulée des premières arrestations, des proches du capitaine Sanogo assuraient sous couvert d'anonymat que les rafles avaient été menées de manière préventive. «Un contre-putsch était en préparation» juraient même certains officiers à Kati.

Retarder le retour à l'ordre constitutionnel ?

Mercredi 18 avril au soir, sur les antennes de l'ORTM, le directeur général de la gendarmerie est venu officiellement justifier la vague d'interpellations. Selon le colonel Diamou Keïta, 11 civils et autant de militaires ont été arrêtés après enquête, et les investigations menées dans certains domiciles ont permis de découvrir des caisses d'armes neuves ne faisant pas partie de la dotation de l'armée régulière.

Si le patron de la gendarmerie s'est défendu de toute chasse aux sorcières, dans la classe politique malienne on estime que les militaires sont en train d'instaurer un régime de terreur. «C'est un plan délibéré pour nous intimider et maintenir le pouvoir à Kati» fulmine une personnalité du Front du refus.

Une source proche de la médiation se montre moins inquiète. Selon elle, lors de leur rencontre mercredi, au camp Soundiata Keita, le capitaine Sanogo s'est engagé devant les ministres burkinabè et ivoirien à remettre en liberté dans les heures ou dans les jours qui suivent toutes les personnes interpellées.

Toujours d'après cette source, il est impossible de composer sans le CNRDRE (Comite national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat) tant que l'ensemble des institutions n'auront pas été réinstallées. Les rafles apparaîtraient dès lors comme une manoeuvre pour gagner du temps et retarder le retour à l'ordre constitutionnel.

Ces arrestations suscitent des protestations

Quelques dizaines de jeunes manifestants du Front du refus se sont réunis mercredi matin devant l'hôtel où réside le président par intérim Dioncounda Traoré depuis son retour du Burkina mais aussi les facilitateurs burkinabè et ivoirien Jibril Bassolé et Adama Bictogo. Reportage de notre envoyé spécial.

Le nouveau Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, qui avait commencé ses consultations pour former son gouvernement, affiche une certaine sérénité.

 

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