La scène se déroule dans les coulisses de la salle de spectacle Bataclan à Paris, en 1994, peu après son succès planétaire Seven Seconds, en duo avec Neneh Cherry. A la question si le soutien de la vedette occidentale Peter Gabriel lui avait beaucoup aidé pour acquérir un public mondial, Youssou N’Dour rétorque calmement : « C’est surtout moi qui avait aidé Peter Gabriel à se faire connaître en Afrique ». L’anecdote en dit long sur l’aplomb du chanteur sénégalais, sur sa capacité à faire bouger les lignes et sur sa conception politique de la culture. Depuis le début, il a cru dans le pouvoir de la musique et plus généralement de la culture. Et cela fait longtemps qu’il affirme : « Si un jour on a besoin de moi… »
Le porte-parole des bonnes causes
A l’âge de 52 ans, sa nomination en tant que ministre de la Culture et du Tourisme est la suite logique d’un engagement qu’il poursuit depuis des décennies. Longtemps porte-parole des bonnes causes, de l’Unicef à l’Amnesty International, il est toujours resté fidèle à ses racines au Sénégal. C’est là qu’il a bâti son empire : un groupe de presse, Futur Médias, comprenant, outre la télévision, la radio RFM, l’une des plus écoutées à Dakar, des studios d’enregistrement, et une société de microcrédits, Birima, nommée après l’ancien roi du Sénégal généreux et mélomane.
En tant que ministre, il devrait pleinement profiter de ses atouts accumulés pendant sa carrière d’artiste, d'ambassadeur, de militant et d'entrepreneur : le charisme d’une star planétaire, la puissance de persuasion de sa réussite dans le business, l’intelligence et la spiritualité d’un griot moderne qui fascine une grande partie de la jeunesse sénégalaise.
Avec l’annulation de sa candidature par le Conseil constitutionnel sénégalais fin janvier, ses ambitions de devenir président ont été stoppées net. Aujourd’hui, il ne montre aucune rancune et promet de faire avancer la culture et le tourisme dans son pays : « Nous allons écouter tout le monde. Je suis un artiste et un grand voyageur qui aime son pays ».