Les rebelles touaregs qui contrôlent toute la moitié nord du Mali avec les islamistes affirment qu'ils mettent fin à leurs opérations militaires ayant recouvré l'intégrité territoriale de ce qu'ils considèrent comme le futur Etat démocratique de l'Azawad. Cet arrêt des opérations militaires peut-il être considéré comme un signe de bonne volonté pour négocier ?
Pour nombre de leaders politiques maliens une séparation du pays n'est pas envisageable. Selon Tiébilé Dramé, le président du Parena et ancien ministre des Affaires étrangères du Mali, les rebelles du nord ont tout intérêt à ne pas franchir le Rubicon et proclamer une quelconque indépendance d'un Etat de l'Azawad.
Pour Ibrahim Boubacar Keïta, le président du RPM, le Rassemblement pour le Mali « pas question de partition du Mali. Le pays va reconquérir le Nord y compris par la force ».
Pour Soumaïla Cissé, le président de l'URD (l'Union pour la République et la démocratie) l'intégrité territoriale du Mali n'est pas négociable.
Et dans les rues de la capitale...
Avec notre envoyé spécial à Bamako,
Pour Malik, 50 ans, qui tient un stand au marché central de Didida au coeur de Bamako « c’est un signe positif.» «Maintenant il faut stopper les armes et se mettre au travail. Laissons les conflits de côté et mettons le pays en avant », ajoute-t-il calmement.
Un sentiment partagé par Sika, gérant d’une quincaillerie. « Que l’on soit d’origine arabe, touarègue, bambara, nous sommes tous Maliens et on ne veut qu’une chose, vivre tranquillement en démocratie ». Un discours positif qui ne cache pas une certaine amertume.
Bamako bouillonne, la circulation y est dense, les échoppes remplies, mais l’activité économique est au ralenti : « Ça ne va pas, déclare une maman devant son stand de noix de Kola, les gens ont peur de lâcher leur argent ». Moussa, vendeur de pièces détachées, renchérit : « Tout va doucement au marché. Il y a moins de business, moins de sous. L’embargo a été précipité ». Un doyen ajoute : « pourquoi la Cédéao [Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, NDLR] ne règle pas les problèmes du Nord ? Pourquoi elle ne fait rien pour la population là-haut ? C’est nous dans la capitale qui souffrons de cet embargo ».
Dans la foule, un homme s’emporte : « Qu’ils se bougent pour nous. Nous ne sommes pas dans un Etat islamiste. Nous voulons la paix au Mali ». Un homme en colère qui quitte les lieux, applaudi par les vendeurs du marché.