La Libye et la France demandent l'extradition d'al-Senoussi ex-bras droit de Kadhafi

Le colonel Abdallah al-Senoussi, recherché par la CPI, a été arrêté dans la nuit du 17 au 18 mars à l'aéroport de Nouakchott. Al-Senoussi était un pilier de l'ancien régime libyen, beau-frère de Kadhafi et ancien chef des services libyens de renseignement. Une fois l'information connue, plusieurs demandes d'extradition ont été formulées. La Mauritanie peut choisir seule où elle extradera Abdallah al-Senoussi, réclamé à la fois par la France, la Libye et la CPI. De source mauritanienne, l'arrestation de l'ancien chef de services libyen de renseignement, est le fruit de la coopération de plusieurs services.

D’après plusieurs sources diplomatiques, Abdallah Senoussi avait été repéré depuis plusieurs jours. Son arrestation serait le fruit de collaboration entre plusieurs services de renseignement occidentaux et régionaux, et ceux notamment de la France, de la Mauritanie et du Maroc. Le communiqué publié par l’Elysée quelques heures après son interpellation mentionnait qu’elle était « le résultat d’efforts conjoints des autorités françaises et mauritaniennes ».

Toujours de source diplomatique, on apprend que l’ex-chef des renseignements militaires libyens aurait possédé plusieurs passeports dont le faux passeport malien avec lequel il a été arrêté. Ces passeports feraient mention de noms d’emprunt et leur photo montrerait un Abdallah Senoussi que se serait fait pousser la barbe pour masquer son visage.

C’est donc à son arrivée à Nouakchott dans la nuit de vendredi à samedi qu’Abdallah Senoussi a été arrêté. Il voyageait en provenance de Casablanca sur un vol régulier de la Royal Air Maroc prévu d’atterrir à 23H45 . Un membre du personnel de l’aéroport souligne que l’arrestation a été particulièrement discrète. « J’étais sur place, à l’arrivée de l’avion, et je n’ai rien vu. Pas même une présence sécuritaire renforcée », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, des sources sécuritaires laissent entendre qu’Abdallah Senoussi ne séjournait pas au Maroc, mais aurait fait plutôt escale en provenance d’un autre pays africain mais elles refusent d’en dire plus sur son éventuel pays de départ.

Abdallah al-Senoussi se trouve pour le moment dans les locaux de la sûreté de l'Etat dans la capitale mauritanienne.

La demande d'extradition de la Libye

Hier, le porte-parole du gouvernement libyen a déclaré que tous les efforts nécessaires seraient déployés pour « juger au plus vite » Abdallah Senoussi en Libye-même. Mais dans le climat de fébrilité actuelle, le gouvernement est-il capable de mener à bien un procès aussi sensible ?

Salah Al Manaa, porte-parole du gouvernement libyen déclare que Tripoli « est prêt à accueillir Abdallah Senoussi pour jugement, un jugement équitable. Conforme aux normes internationales et conforme aux critères de la cour pénale internationale. Cette cour s'est exprimée à propos du cas de Seif Al Islam Kadhafi, en faveur d'un jugement en Libye. Nous travaillons pour que le cas de Abdallah Senoussi suive le même chemin ».  

Il faut rappeler que la Mauritanie n'est pas signataire du statut de Rome portant création de la Cour pénale interntionale, ce qui veut dire qu'elle n'a pas en théorie l'obligation de lui livrer Abdallah al-Senoussi. Amnesty international, l'organisation des droits de l'homme a réagi en affirmant qu'il devait être déféré devant la CPI.

La demande l'extradition de la France

Rien ne s'oppose à ce que l'ex-bras droit de Mouammar Kadhafi soit rejugé, mais ce n'est pas sans risque pour le pouvoir français comme l'explique Patrick Haimzadeh, ex-officier de l'armée française et spécialiste de la Libye où il a été en poste comme diplomate.

 

Patrick Haimzadeh est l'auteur de l'ouvrage «Au coeur de la Libye de Kadhafi» paru aux Editions Jean-Claude Lattès.

En réclamant que lui soit livré Abdallah al-Senoussi, la présidence française s'appuie sur la condamnation de l'ex-responsable libyen en 1999 par le tribunal de Grande instance de Paris par contumace à la prison à perpétuité dans l'attentat du DC 10 d'UTA en 1989. Cela fait dire alors à Guillaume Denoix de Saint Marc, président de l'association des familles de l'attentat, que dans sa demande d'extradition, la France a l'avantage de « l'antériorité » sur la CPI et la Libye. 

Partager :