Dans les villages de la région de Kayes, après une récolte catastrophique à l'automne dernier, les vivres commencent à manquer et les céréales disponibles sur les marchés s'échangent à des prix très élevés. Quant aux semences pour préparer le prochain hivernage, elles ont été consommées au lieu d'être conservées. Ladji Niangané est le président de l'Union régionale des coopératives agricoles de Kayes, l'Urcak. Il constate depuis l'automne la dégradation inexorable.
« La saison des pluies a pris fin depuis le mois d’octobre. Pendant l’hivernage, il n’y avait rien. Aujourd’hui, la disponibilité sur le marché... peu est disponible – les prix ont prix l’ascenseur. Il y a eu une certaine inflation de ces prix-là. La deuxième chose, les paysans n’ont plus de semences. Et quand les gens n’ont pas de semences, je me demande comment ils vont produire ».
Les populations rurales ont commencé à quitter la brousse pour trouver de quoi vivre à Kayes ou à Bamako. Et plus que jamais, les familles de Kayes attendent l'argent des migrants de France ou d'Afrique. « Je crois que les migrants auront encore à faire plus d’efforts qu’ils ne le font, pour faire face, en tout cas aux difficultés de l’heure, poursuit Ladji Niangané. On ne voit pas vraiment l’apport de l’Etat pour soutenir, en tout cas, pour maintenir les gens par rapport à cette situation difficile où ils vivent ».
Autre signe inquiétant : le bétail. Cette année, il a fallu vendre les animaux avant qu'ils ne soient trop maigres. Quant aux éleveurs, ils ont pris la route vers la Guinée à la recherche de nouveaux pâturages.