A l’ombre d’un arbre, cinq personnes font la sieste, partagent le ataya, le thé local et discutent de l’élection présidentielle. Parmi eux, Sérigne Lo, un chauffeur de taxi. C’est un fidèle électeur du Parti démocratique sénégalais, mais cette année, pour la première fois, il a décidé de voter contre Abdoulaye Wade, sans pour autant manifester dans la rue : « Le dimanche, je travaille jusqu’à minuit, en rentrant à la maison on a cassé ma voiture, j’ai dû prendre du temps pour la réparer, il y a des gens qui manifestent mais nous, on travaille. On doit cesser les manifestations. Le 26, c’est bientôt, on a qu’à aller voter pour que Wade quitte le pouvoir ».
Dans son salon de coiffure, Khoulio suit avec amertume, sur un petit écran, une chaîne de télévision qui rediffuse les images des manifestations aux abords de la place de l’Indépendance. Khoulio craint pour la stabilité du pays : « Ça nous fait mal aussi parce que le pays n’est pas stable, nous avons des frères, des sœurs qui vont dans les manifestations, tout ce que nous souhaitons, c’est la paix ».
Même sentiment d’incompréhension exprimé par Aliou K, lui aussi contre Wade. Aliou estime que la stratégie menée par l’opposition et le Mouvement du 23 juin n’est pas productive : « C’est trop tard parce que ils auraient dû mener leur combat bien avant la dernière semaine des élections. S’ils croient que Wade n’est plus dans le cœur des Sénégalais, ils n’ont qu’à attendre le 26 février, on va faire ça aux urnes ».
Dans ce salon de coiffure, ces jeunes évoquent une autre crainte : qu’il y ait un fort taux d’abstention le jour du vote, en raison de ce climat de tension.