Déjà utilisé comme base arrière par al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Nord-Mali a connu ces derniers mois un afflux d'armes et de combattants venus de Libye. Pour les ministres présents à Nouakchott, les combats entre rebelles touaregs et armée malienne constituent un effet déstabilisateur supplémentaire inquiétant.
Le ministre nigérien a parlé de « discours irrédentiste contagieux », le ministre algérien de « complication ». Ce dernier a dénoncé l'offensive rebelle. « Toute revendication, a-t-il déclaré, quelle que soit sa légitimité, ne doit pas s'exprimer par les armes et doit s'inscrire dans la préservation de l'unité du territoire malien ». Toutefois, il a précisé que les Touaregs sont « une composante à part entière de la nation et ne peuvent donc pas être assimilés aux menaces que sont le terrorisme, le crime transfrontalier et la pauvreté ».
Soumeylou Boubeye Maiga, le ministre malien, a quant à lui souligné que la porte du dialogue avec les rebelles reste ouverte. « Nous devons apporter des solutions qui non seulement garantissent la cohésion du Mali, mais aussi la cohésion de l’ensemble de la région, explique le chef de la diplomatie malienne. Dans un premier temps, il a bien fallu contenir les actions militaires dont nous étions l’objet, et puis, à tout moment, nous sommes disponibles pour écouter, échanger, et avancer avec ceux qui veulent qu’on avance dans un cadre de discussions. Parce qu’encore une fois, nous pensons que nous avons un contexte démocratique qui rend aujourd’hui toutes les expressions possibles ».
Dans un couloir, un diplomate remarque : « Maintenant qu'on a vu l'armée malienne à l'œuvre au Nord-Mali face aux rebelles, on souhaiterait lui voir la même implication face à Aqmi ».
Des mesures contre Aqmi
La réunion de Nouakchott a permis justement certaines avancées dans la lutte contre al-Qaïda au Maghreb islamique. En plus d'un centre de renseignements et d'un état-major communs, toujours en phase de mise en place, les ministres ont décidé de créer deux comités : un comité politique, chargé de la planification de la mise en œuvre de leurs actions et un comité technique de suivi des projets de développement.
Le Nigeria, récemment victime d'une vague d'attentats revendiqués par la secte Boko Haram qui a fait plus de 150 morts, était associé à cette réunion. Les quatre pays du Sahel estiment en effet qu'il existe des liens entre la secte et Aqmi. En plus d'un partage de renseignements et de trafic d'armes, c'est surtout en matière de formation que la coopération entre les deux groupes est la plus importante.