Les combats ont d’abord éclaté à Aguelhok, dans le nord-est du Mali. Tôt ce matin, des tirs d’armes lourdes ont été entendus. C’est le camp militaire de l’armée malienne qui était visé.
Les deux parties (gouvernement & MNLA) revendiquent la victoire. Des responsables de l’administration contactés sur place confirment l’attaque « Nous avons été attaqués. Nous ripostons. Nous tenons toujours nos positions » ont-ils affirmé ce mercredi matin. Les rebelles réfutent quant à eux ces affirmations en répliquant « Faux ; c’est nous qui tenons la ville d’Aguelhok ».
Dans la ville, tous les services administratifs étaient fermés et les habitants sont restés chez eux.
Non loin de la ville d’Aguelhok, des combats ont été également signalés à Tessalit, autre localité du nord du Mali. Là aussi, les rebelles ont attaqué le camp militaire.
Même scénario : les deux parties ont revendiqué la victoire et les rebelles ont même affirmé, à la mi journée, qu’ils se dirigeaient vers l’aéroport de la ville.
Selon plusieurs témoins, le calme est revenu à Tessalit vers 11H00 du matin. Les assaillants, en arrivant, ce matin, ont lancé un appel au calme à la population en demandant aux habitants de rester chez eux. Selon un habitant de Tessalit, joint par RFI, certains de ces assaillants s’exprimaient en tamashek et d’autres en français.
Les affrontements avaient commencé hier à Ménaka, ville située plus au sud d’Aguelhok et de Tessalit. Selon un communiqué du gouvernement malien, publié mardi soir, l’attaque a fait « plusieurs morts et blessés » du côté des rebelles et « un mort » au sein de l’armée malienne qui a fait intervenir des hélicoptères de combat pour bombarder les positions du MNLA.
Ce matin, les renforts de l’armée malienne, qui étaient attendus à Ménaka, n’étaient toujours pas visibles, et selon le responsable de la radio communautaire Aadar, à Ménaka, des coups de feu sporadiques ont été entendus. Haïdara Moulaye Touhami, joint en fin de matinée par RFI, a également indiqué que les camps militaires étaient toujours sous le contrôle des assaillants. Mais là aussi, les versions entre les deux camps divergent.
Climat très lourd dans le Nord du Mali
Les rebelles, qui depuis hier, mardi, ont lancé cette offensive sur les trois villes du nord est du Mali, disent vouloir en prendre d’autres. « Notre objectif est de déloger l’armée malienne de plusieurs villes du Nord », a déclaré un de leurs porte-parole, se présentant comme Moussa Salam.
Ces accrochages entre l’armée malienne et les combattants du MNLA – ce mouvement politico-militaire qui revendique l’autodétermination de l’Azawad, la région nord du pays - sont les premiers depuis le retour de Libye des combattants touaregs qui servaient dans l’armée du colonel Kadhafi.
On savait le climat trés lourd dans le Nord du Mali. En effet, depuis la chute du régime Kadhafi cette région est devenue un marché à ciel ouvert d'armes en tout genre et de combattants désoeuvrés. Il y avait al-Quaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et les trafiquants de cocaïne ; il y a maintenant le MNLA.
Vaste opération militaire du gouvernement
Préoccupé par l'émergence d'une nouvelle rébellion touareg, le pouvoir malien a mis en œuvre, ces dernières semaines, une vaste opération militaire vers le Nord. Plusieurs centaines d'hommes, du matériel sophistiqué, avions de combats, hélicoptères et véhicules blindés ont été acheminés vers les trois régions de Kidal, Tombouctou et Gao. L'objectif affiché est celui d’occuper le terrain et de permettre à l'armée malienne d’assurer la relève militaire sur la base stratégique de Tinzawaten à la frontière algérienne.
Ce déploiement de force devait permettre également au président malien Amadou Toumani Touré d'afficher sa fermeté vis à vis de toute velléité de partition du territoire et avertir ainsi le MNLA : Le Mali est et demeurera un et indivisible. Il n’est pas question d'accorder l'indépendance au nord.
Les rebelles touaregs ont décidé alors de passer à l'attaque ce mardi 17 janvier 2011 à Ménaka pour – disent-ils - " libérer la région "
Coup d'essai ou début d'une vaste offensive ?
En 1990, c'est de Ménaka que la rébellion touarègue est partie.