Les syndicats sont formels et déterminés. Ils demandent au gouvernement de faire redescendre le prix du litre d’essence à 65 nairas (0,30 euro) – le prix initial de l’essence à la pompe - contre les 140 nairas (0,66 euro) affichés actuellement. Les deux principaux syndicats, NLC et TUC qui prétendent représenter quatre millions de travailleurs, exigent du gouvernement qu’il revienne sur sa position qui a été celle de supprimer les subventions des prix du carburant – une mesure annoncée brusquement le 1er janvier et qui a immédiatement entraîné la hausse vertigineuse du prix du carburant.
« Il est rare que nous fassions preuve d’une telle unité syndicale », ont avancé les deux confédérations TUC et NLC qui se sont déclarées « déterminées » à paralyser tous les secteurs stratégiques du Nigeria, notamment les banques, les ports et aéroports, les stations-service ainsi que les centres de production pétrolière. Des manifestations à Lagos, la capitale économique du pays et dans plusieurs autres grandes villes sont également prévues.
Contacté par RFI, Peter Esele, président du TUC, l’une des principales confédérations syndicales du Nigeria affirme que son mouvement est déterminé à agir.
De son côté, le gouvernement, à l’issue d’une réunion d’urgence convoquée par le président Goodluck Jonathan, a fait savoir qu’il ne reculerait pas. Le ministre des Finances espère que la suppression de la subvention permettra d’économiser plus de six milliards de dollars pour l’année 2012.
Les rassemblements de contestation se poursuivent
Ce mercredi, des centaines de personnes ont manifesté à Kano, la principale ville du nord du Nigeria, fermant de force des stations-service et menaçant d’incendier le siège local d’un journal. Une foule hostile s’est regroupée devant les locaux Daily Trust où elle a été stoppée par un cordon de policiers. Selon le chef du bureau du Daily Trust de Kano, Awwan Umar, les manifestants « sont venus par centaines avec l’intention d’incendier nos bureaux, l’intervention des policiers a permis de sauver la situation » a-t-il affirmé à l’AFP.
Lors des manifestations de mardi, un homme a été abattu par la police, selon le syndicat Congrès du travail du Nigeria (NLC) ; la police a démenti.
Le musicien Seun Kuti et fils de la star de l’afro-beat Fela Kuti a pris part aux rassemblements pour protester contre la suppression des subventions. Sa voix porte au Nigeria…. Il dénonce la corruption au sein de la classe politique nigériane et appelle le peuple à descendre dans la rue.
Répercussions sur le marché parallèle au Bénin voisin
Cette hausse du prix de l’essence, qui a plus que doublé, a eu des répercussions directes au Bénin. D’abord sur le marché noir et ensuite sur l’approvisionnement de l’essence dans les pompes.
Depuis que la mesure a été prise, au lendemain des fêtes de fin d’année, l’essence frelatée que les Béninois avaient à leur portée, parce que disponible dans les rues des principales villes du pays, a vu son prix monter en flèche passant de 300 à 650 F Cfa
La majorité des automobilistes et taxi-motos qui se ravitaillaient auprès de ces revendeurs à la sauvette, se sont donc rués vers les stations-service qui ont maintenu leur prix à 575 F Cfa le litre.
Cette hausse des prix au Nigeria met donc fin au marché parallèle des carburants au Bénin. C’est aussi une aubaine pour les autorités béninoises qui n’ont jamais réussi à endiguer le phénomène. Il reste désormais deux défis : la capacité à alimenter les stations-service et surtout, une bonne couverture du territoire en pompes à essence.